C'est en lisant des histoires américaines que j'ai appris à dessiner comme à peu près tous les gars de ma génération. Peut-être aussi que ma vocation a été déterminée par un tableau noir. Un oncle m'avait offert un de ces tableaux d'écolier, une planche noire supportée par un trépied. Il s'est fait que mon père a été frappé par un gribouillage que j'y avais inscrit, un dessin à la craie représentant un chien qui respirait une fleur. Mon père trouvait le dessin si beau qu'il est allé avec le tableau noir chez un ami photographe et qu'il l'a fait reproduire. Quand vous avez cinq ans et qu'on prend au sérieux votre œuvre au point d'en faire une photo, ça vous fait un certain effet.

André Franquin

Caricature d'André Franquin (Morris).

Dans Lucky Luke - Tome 1 - "La mine d'or de Dick Digger" (Morris, Dupuis) Morris caricature André Franquin et lui donne le rôle de l'adjoint alcoolique du shérif.
(L'image ci-dessus est tirée de la page 30, case 2).

Caricature d'André Franquin (Morris).
Lucky Luke - Tome 13 de Morris (Page 13, case 8).

Morris et Franquin ont fais les quatre cents coups ensemble, il n'est donc pas étonnant de voir apparaître ce dernier dans Lucky Luke. Et c'est aussi pourquoi, on le retrouve aussi dans le Tome 3 - "Arizona", sous les traits d'un joueur de guitare. Cette fois, il n'est pas ivre mais il fait tout de même une sacrée chute dans les escaliers du saloon.

 

André Franquin (1924-1997) était un auteur de BD belge. Encore étudiant, il travaille déjà à temps partiel dans un studio d'animation où il fait la connaissance de Morris, de Eddy Paape et de Peyo. A la fermeture du studio, Morris le présente à Jijé, grâce au concours duquel il est bientôt engagé par les éditions Dupuis. Franquin place alors ses illustrations dans deux magazines appartenant à l'éditeur, Le Moustique et Bonnes Soirées. En 1946, Jijé lui cède le personnage, emblème du Journal Spirou après un bout d'essai concluant parut dans l'Almanach Spirou de 1947.

Durant la période où il dessine cette série, Franquin confronte Spirou et Fantasio à une galerie de personnages pittoresques, des citoyens de Champignac à Zantafio, le neveu maléfique de Fantasio, en passant, bien entendu, par l'une de ses créations les plus fameuses: le Marsupilami. La profondeur qu'il donne à l'univers de Spirou et la qualité de ses récits, drôles et remarquablement structurés, contribuent à associer durablement, dans l'esprit du plus grand nombre, le nom de Franquin à la série-phare de Dupuis. Par la suite, tous ceux qui reprendront la série lui seront immanquablement comparés.

En 1955, éclate une dispute entre Dupuis et Franquin à cause de droits d'auteurs sur un album. Il entre alors aux éditions Le Lombard et y signe un contrat de 5 ans. Il crée Modeste et Pompon pour le journal Tintin. Il se réconcilie avec Dupuis et retourne aux ateliers de Marcinelles. Cependant il continue à travailler pendant quatre ans chez Le Lombard. De nature paresseuse, il crée son double et en fait un héros bien à part dans la bande dessinée, Gaston Lagaffe, qui voit le jour en 1957. Dans Le Trombone illustré, une publication de 30 numéros accompagnant le Journal Spirou, il fait part de ses Idées noires qui paraîtront plus tard dans Fluide glacial.

A partir de 1987, avec Batem au dessin, Franquin conçoit une série d'albums parus chez Marsu-Productions avec, comme héros, Le Marsupilami dont il avait gardé jalousement les droits. En 1996, Marsu-Productions propose un nouvel album de Lagaffe assemblant une série de planches parues dans Spirou et jamais éditées en album.

A 73 ans, le dimanche 5 janvier 1997, Franquin devenu l'un des pères fondateurs de la bande dessinée franco-belge quitte discrètement la scène du 9ème Art. Dans le monde de la bande dessinée, il est une authentique légende: il a acquis à sa cause d'innombrables fans et l'on ne compte plus les artistes qu'il a directement inspirés.

PS: J'ai cru pendant longtemps que Jijé était le père de Spirou, et bien non, Spirou est né 1938 sous la plume du dessinateur français Robert Velter, alias Rob-Vel.

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