Le théâtre est toujours polémique, et l'artiste intolérant.

Antoine Vitez

Ilsa, la louve des SS de Don Edmonds (1975). Ilsa, la louve des SS de Don Edmonds (1975).
Ilsa, la louve des SS de Don Edmonds (1975).

Ilsa, la louve des SS selon Michael DiPascale.
Uber #2 de White et Gillen (Couverture bis de Michael DiPascale).

Dans le comic book Uber #2 (White et Gillen • Avatar Press) le cover artist Michael DiPascale parodie l'affiche du film Ilsa, la louve des SS de Don Edmonds sur une des couvertures alternatives de la BD. Ici, Ilsa interprétée par Dyanne Thorne est remplacée par Klaudia Hoch alias Sieglinde, une des trois cuirassés de classe Ubermensch que les forces allemandes utilisent pour combattre les Russes pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Ilsa, la louve des SS est un long métrage canadien de nazisploitation érotico-horrifique réalisé par Don Edmonds, sorti dans les salles obscures le 16 août 1975. Le scénario est de Jonah Royston et John C.W. Saxton. Le film est produit par David F. Friedman avec la société Aeteas Filmproduktions.

Ilsa (Dyanne Thorne), diabolique gardienne d'un camp de concentration, mène des terribles expérimentations médicales sur les détenues. Elle tente de démontrer que les femmes peuvent plus facilement supporter la douleur que les hommes et par conséquent, devraient être autorisées à partir se battre au front.

AlloCiné | Ilsa, la louve des SS

Le personnage d'Ilsa est inspiré par Ilse Koch, épouse du commandant du camp de concentration de Buchenwald où elle s'illustre par sa cruauté vis-à-vis des prisonniers. De plus, Ilse Koch a la réputation d'être nymphomane.

Le premier choix du producteur Friedman pour le rôle principal est Phyllis Davis qui refuse. Il propose finalement la place à Dyanne Thorne. Thorne est une showgirl de longue date à Las Vegas, qui travaille à l'époque comme chauffeur, et qui a déjà fait ces débuts à la télévision et au cinéma dans des petits rôles. Elle apparaît de façon anecdotique dans un épisode de Star Trek, et joue dans quelques films érotiques. Dyanne qualifie le scénario d'horrible, mais accepte le rôle après qu'un ami lui ait recommandé personnellement Edmonds.

Pour le rôle du Dr Binz, l'assistant d'Ilsa, Edmonds choisi son précédent collaborateur George Buck Flower, qui a également travaillé avec Thorne et Friedman à divers titres en tant qu'assistant réalisateur, directeur de casting, décorateur et machiniste. Flower est également assistant réalisateur non crédité sur le film. L'apparence de Binz est basée sur celle de Magnus Hirschfeld, un sexologue allemand réputé. A noter que le véritable Hirschfeld est un fervent antinazi et antifasciste.

Par économie de budget, Ilsa, la Louve des SS est tourné sur les plateaux de la série Papa Schultz aux Cinema General Studios de Los Angeles, ce qui a permis à l'équipe du film d'utiliser les mêmes décors. La série étant annulée, ses producteurs ont laissé le film y être tourné lorsqu'ils ont appris qu'une scène exigeait que les décors soient incendiée, leur épargnant ainsi le coût de sa démolition.

Ce film d'exploitation fait appel aux plus bas instincts du spectateur, exploitant son voyeurisme, son désir de sexe, et de violence. Nazi + nudité + torture: il suffisait d'y penser et il fallait surtout oser ! Le producteur habitué des films naturistes et gores préfère tout de même émettre un avertissement en introduction.

Le film que vous êtes sur le point de voir est basé sur des faits documentés. Les atrocités montrées ont été menées sous forme d'expériences médicales dans des camps de concentration spéciaux à travers le Troisième Reich d'Hitler. Bien que ces crimes contre l'humanité sont historiquement exacts, les personnages représentés sont des composites de personnalités nazies notoires; et les événements décrits ont été condensés en une seule localité à des fins dramatiques. En raison de son sujet choquant, ce film est réservé uniquement au public adulte. Nous dédions ce film avec l'espoir que ces crimes odieux ne se reproduiront plus jamais.

David F. Friedman

M'empêche que ce dernier préfère quand même utiliser un pseudonyme pour les crédits du film: Herman Traeger. Tout comme le scénariste John C.W. Saxton devient Jonah Royston, et les acteurs George Buck Flower et Richard Kennedy se transforment C.D. Lafleuer et Wolfgang Roehm. Le monteur crédité Kurt Schnit est probablement aussi un pseudo ou alors c'est son seul film.

Le long métrage est largement diffusé aux Etats-Unis et au Canada en octobre 1975. Il est interdit au Royaume Unis, en Australie, en Allemagne, et en Norvège. En France, il sort le 16 novembre 1978, et est interdit aux moins de 18 ans (-16 aujourd'hui). Aux Etats-Unis, le film est sorti principalement dans les cinémas urbains et grindhouse, comme c'est la pratique courante pour de nombreux films d'exploitation de l'époque.

Entre film de cul et film d'horreur, Ilsa, la Louve des SS affiche un mauvais goût qui ne sera pas de celui de tout le monde. Le type même de film qui ne pourrait plus être produit de nos jours où le politiquement correct est de mise. Aujourd'hui, ce film garde son côté sulfureux et choquant qui le réserve surtout aux spectateurs n'ayant pas froid aux yeux. Les autres feront mieux de s'abstenir face à une œuvre certes osée et choquante, mais aussi, paradoxalement, se dévoilant comme un divertissement olé olé ! Le succès du film tient d'ailleurs beaucoup à la poitrine dénudée de Dyanne Thorne qui incarne avec un indéniable sérieux et une classe certaine la fameuse Ilsa, incarnation totale de la dominatrice féministe.

Le succès relatif du film donne lieu à deux suites: Ilsa, gardienne du harem (1976) de Don Edmonds et Ilsa, la tigresse du goulag (1977) de Jean LaFleur, voire trois avec Greta, la tortionnaire (1977) de Jesús Franco qui trouve aussi sous le titre Ilsa, ultimes perversions. Et c'est toujours Dyanne Thorne qui tient le haut de l'affiche.

PS: Rob Zombie rend hommage à Ilsa, la louve des SS dans son court métrage Werewolf Women of the S.S., une des fausses bandes-annonces diffusée en 2007 avant les films Planète Terreur et Boulevard de la mort réalisés par Robert Rodriguez et Quentin Tarantino. Perso, ça me fait aussi penser au clip polémique: Deutschland de Rammstein...

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