Ils viennent détruire, ce que j'ai appris à aimer.

Nathan Algren interprété par Tom Cruise | Le dernier samouraï

Le Dernier Samouraï d'Edward Zwick (2003).

WhyNot?! Willie #1 de Galicia, Art, Dena, Steven, Gir, Dias, Shima, Chandra, Goiriz, Santana, Luna, Santamarina, Martins, Blanco, Carpintero et Will (Couverture bis de Jimbo Salgado).

Dans le comic book WhyNot?! Willie #1 (Galicia, Art, Dena, Steven, Gir, Dias, Shima, Chandra, Goiriz, Santana, Luna, Santamarina, Martins, Blanco, Carpintero et Will • Top Shelf Productions) le cover artist Jimbo Salgado parodie l'affiche du film Le Dernier Samouraï d'Edward Zwick sur une des nombreuses couvertures alternatives de la BD. Ici, Nathan Algren interprété par Tom Cruise est remplacé par Steamboat Willie.

Sorti le 5 décembre 2003, Le Dernier Samouraï d'Edward Zwick est un de ces films qui marquent une génération. Une fresque épique, un drame humain poignant et des scènes de bataille à couper le souffle. Mais plus de 20 ans après, que reste-t-il de cette superproduction hollywoodienne au cœur du Japon féodal ?

L'idée de base du Dernier Samouraï n'est pas sortie de nulle part. Le scénariste John Logan (Gladiator, Aviator) s'est librement inspiré de faits réels, notamment de la Rébellion de Satsuma en 1877, menée par Saigō Takamori, un samouraï farouchement opposé à l'occidentalisation rapide du Japon sous l'ère Meiji. Le personnage de Nathan Algren, quant à lui, est un amalgame de plusieurs conseillers militaires étrangers venus former la nouvelle armée impériale, dont le plus célèbre est le Français Jules Brunet.

En 1876, le capitaine Nathan Algren (Tom Cruise) vit avec les souvenirs des batailles sanglantes menées contre les Sioux. Fort de son expérience au combat, il devient conseiller militaire pour le compte de l'empereur japonais soucieux d'ouvrir son pays aux traditions et au commerce occidentaux et d'éradiquer l'ancienne caste guerrière des samouraïs. Mais ceux-ci influent sur le capitaine Algren, qui se trouve bientôt pris entre deux feux, au cœur d'une confrontation entre deux époques et deux mondes avec, pour le guider, son sens de l'honneur.

AlloCiné | Le Dernier Samouraï

Le projet, initialement plus modeste, a pris une ampleur considérable lorsque Tom Cruise, alors au sommet de sa gloire, s'est montré intéressé non seulement pour le rôle principal, mais aussi pour la production. Son implication a donné au film les moyens de ses ambitions. On ne va pas se mentir, le scénario emprunte une structure assez classique de "l'étranger en terre inconnue" qui finit par adopter la culture locale, un peu à la Danse avec les loups. Cependant, la force du film réside dans son exécution, la finesse de l'écriture des personnages et l'exploration sincère de thèmes comme l'honneur, le sacrifice et la recherche de paix intérieure.

Le choix d'Edward Zwick à la réalisation était une évidence. Avec des films comme Glory ou Légendes d'automne à son actif, il avait déjà prouvé son talent pour les grandes épopées historiques mêlant action et drame intime. Pour le casting, le choix de Tom Cruise était un pari. Si son statut de superstar garantissait le succès commercial, certains craignaient qu'il n'éclipse le reste. Pourtant, il livre une performance habitée, s'investissant corps et âme dans le rôle. Mais la véritable révélation du film, c'est Ken Watanabe dans le rôle de Katsumoto. D'une noblesse et d'une puissance incroyables, il crève l'écran et a d'ailleurs été nommé à l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour sa prestation. Le duo qu'il forme avec Cruise est le cœur battant du film.

La direction de la photographie, signée John Toll (Braveheart), est somptueuse. Les paysages de Nouvelle-Zélande, doublure du Japon pour des raisons pratiques, sont magnifiés. Toll oppose visuellement la froideur métallique et la fumée du Japon industriel aux couleurs chaudes et naturelles du village des samouraïs, créant une métaphore visuelle puissante. La mise en scène d'Edward Zwick excelle dans les scènes de bataille. Loin du chaos numérique de beaucoup de blockbusters, les combats sont lisibles, brutaux et tactiques. La première confrontation dans la brume est un modèle de tension, et l'assaut final est d'une intensité dramatique rare.

Que serait Le Dernier Samouraï sans la partition d'Hans Zimmer ? Le compositeur a su mêler les sonorités orchestrales épiques occidentales à des instruments traditionnels japonais (comme le shakuhachi ou les tambours taiko). Le résultat est une bande-originale inoubliable, à la fois puissante et mélancolique, qui épouse parfaitement les émotions du film.

L'implication de Tom Cruise a dépassé le simple jeu d'acteur. Il a passé près de deux ans à se préparer, apprenant le japonais et maîtrisant le maniement du sabre. Cette préparation a failli lui coûter la vie ! Lors d'une scène de combat à cheval avec l'acteur Hiroyuki Sanada, un des chevaux mécaniques a mal fonctionné. Sanada a vu son sabre (bien réel) foncer vers le cou de Cruise. Grâce à son entraînement, il a réussi à stopper la lame à quelques centimètres de la gorge de la star. Ouf !

Le lien avec la Scientologie: info ou into ? C'est une question qui revient souvent, principalement à cause de l'appartenance de Tom Cruise à l'Eglise de Scientologie. Certains analystes ont vu dans le parcours d'Algren, un homme brisé qui trouve la clarté d'esprit et un code de conduite strict pour se reconstruire (le Bushido), une allégorie des principes scientologues. Cependant, rien n'a jamais été confirmé par l'équipe du film. Edward Zwick et le scénariste John Logan n'ont aucun lien connu avec la Scientologie. Il s'agit donc plus d'une interprétation de certains spectateurs que d'une intention avérée.

A sa sortie, Le Dernier Samouraï a été un énorme succès public et critique. Il a récolté plus de 450 millions de dollars au box-office mondial et a été salué pour son ambition, sa beauté visuelle et la performance de ses acteurs. Avec le temps, le film a conservé une place de choix dans le cœur des fans. Bien que certaines critiques plus récentes pointent du doigt le cliché du "sauveur blanc", beaucoup reconnaissent que le film traite la culture japonaise avec un respect et une sincérité rares pour une production hollywoodienne de cette envergure. Il a ouvert les portes d'Hollywood à des acteurs comme Ken Watanabe et Hiroyuki Sanada et a prouvé qu'on pouvait encore faire de grandes fresques épiques à l'ancienne, centrées sur les personnages et leurs dilemmes moraux.

En bref, Le Dernier Samouraï est une œuvre spectaculaire et touchante, un grand film d'aventure qui nous parle d'honneur à une époque qui en manque peut-être un peu. Un classique moderne, tout simplement.

La fleur parfaite est chose rare. On pourrait passer sa vie à en chercher une, et ce ne serait pas une vie gâchée.

Katsumoto interprété par Ken Watanabe | Le Dernier Samouraï