Il faut savoir terminer une grève lorsque s'ouvre le temps de la discussion.

Nicolas Sarkozy | Discour du 90e congrès des maires de France le 20 novembre 2007

Il Quarto Stato de Giuseppe Pellizza exposé au museo del Novecento de Milan.
Il Quarto Stato de Pellizza exposé au museo del Novecento de Milan (1901).

Il Quarto Stato selon Ivo Milazzo.
Ken Parker n°58 de Milazzo et Berardi (Couverture).

Dans le fumetti Ken Parker n°58 - "Sciopero" (Milazzo et Berardi, Sergio Bonelli Editore) Ivo Milazzo pastiche la toile de Giuseppe Pellizza, Il Quarto Stato, sur la couverture de sa BD. Ici, le gréviste du premier plan est remplacé Kenneth 'Ken' Parker.

Une partie de la série italienne Ken Parker est paru en France chez Soleil et Panini Comics. Je ne suis pas sûr que l'histoire "Sciopero" (=La grève) ait été publiée en France. Dans cette aventure Ken Parker infiltre les travailleurs d'une usine de textile afin d'identifier un syndicaliste mais fini rejoindre le mouvement ouvrier.

 

Il Quarto Stato est peint par Giuseppe Pellizza da Volpedo (1868-1907) entre 1898 et 1901 dans un style picturale divisionniste qui consiste à appliquer sur le support des petites tâches de couleur pure juxtaposées. L'artiste décide du titre de son tableau universellement connu, peu de temps avant de l'envoyer à la Première Quadriennale de Turin en 1902, en remplacement du précédent Le chemin des travailleurs. En français, on peut traduire Il Quarto Stato par Le Quatrième Etat ou Le Quart-Etat, en référence au Tiers-Etat de l'Ancien Régime.

Le sujet du tableau est inspiré d'une grève de travailleurs, un thème qui intéresse les peintres du réalisme européen à la fin du dix-neuvième. Par rapport aux contemporains, le tableau de Pellizza refuse les caractéristiques de protestation excitée ou de résignation passive. Il unit le thème iconographique de la grève à celui du défilé qui caractérise les célébrations de la fête des travailleurs. Il présente une foule d'ouvriers qui avance de front, menée au premier plan par trois personnages en grandeur nature: un homme au centre, aux côtés d'un second travailleur plus âgé, dans une position légèrement en retrait, et d'une femme portant un enfant.

La scène se déroule sur une place illuminée par le soleil, close dans le fond par des taches touffues de végétation, qui cachent aussi les architectures existantes, et par une portion de ciel bleuâtre avec des stries rougeâtres insérée dans un cadre fermé. L'organisation des personnages est longuement étudiée par Pellizza à travers des dessins préparatoires au fusain et au plâtre, avec une grande suggestion constitutive et claire-obscure: dessins uniques pour les trois personnages, par groupes pour les personnages au second plan et détaillés pour les têtes et les mains des dernières silhouettes du fond.

Cette œuvre est un emblème de la société de la vingtième siècle, car la grève des ouvriers et la protestation symbolisent non seulement le mouvement social, mais aussi l'émergence d'une nouvelle classe sociale, le prolétariat, ce fameux Quart-Etat qui prend connaissance de ses droits à l'égard de la société industrielle, et les revendique.

La grève, un chantage ? L'a-t-on assez souvent entonné, cet odieux refrain, dans tous les partis conservateurs ! La grève n'est un plaisir pour personne. Et elle atteint d'abord ceux qui n'ont plus que ce moyen-là pour défendre leur droit de vivre. La perte de salaire, la crainte du chômage, l'angoisse au foyer de chacun, la gêne pour tous, le danger d'être mal compris par d'autres catégories de travailleurs, tout cela il faut que les grévistes le supportent, tandis que les maîtres de l'appareil de production spéculent sur la lassitude engendrée par tant de misère

François Mitterrand | La Paille et le grain

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