Je suis un insecte qui rêve qu'il a été un homme et qui aimait ça... Et le rêve est fini. L'insecte s'est réveillé.

Seth Brundle interprété par Jeff Goldblum | La Mouche

La Mouche de David Cronenberg (1986). Plan du film La Mouche de David Cronenberg (1986).
La Mouche de David Cronenberg (1986).

La Mouche selon Dave Acosta. La Mouche selon Dave Acosta.
Elvira in Horrorland #5 de Califano et Avallone (Couverture de Dave Acosta).

Dans le comic book Elvira in Horrorland #5 - "Fly Me to the Moon" (Califano et Avallone • Dynamite Entertainment) le cover artist Dave Acosta parodie l'affiche du film La Mouche de David Cronenberg sur la couverture de la BD. Ici, Seth Brundle interprété par Jeff Goldblum devient Elvira.

La Mouche selon Dave Acosta. Photographie du tournage du film La Mouche de David Cronenberg (1986).
Elvira in Horrorland #5 de Califano et Avallone (Couverture de Dave Acosta)
et
Photographie du tournage du film La Mouche de David Cronenberg (1986).

Sur la version encrée de cette couverture, le dessin se rapproche aussi d'une photographie prise sur le tournage du film. Du coup, dans cette optique, Elvrira prend plutôt la place de Veronica Quaife campée par Geena Davis.

La Mouche selon John Royle. La Mouche selon John Royle. La Mouche selon John Royle.
Elvira in Horrorland #5 de Califano et Avallone (Couverture bis de John Royle).

Sur ce même numéro du comics, pour une des couvertures bis, le cover artist John Royle rend aussi hommage au film culte de David Cronenberg.

 

Sorti en salles le 15 août 1986, La Mouche (The Fly en VO) de David Cronenberg est bien plus qu'un simple film d'horreur: c'est un cocktail explosif de science-fiction, de romance tragique et de body horror, le tout saupoudré d'une réflexion sur la condition humaine... et insectoïde.

L'histoire de La Mouche ne date pas d'hier. Le film est l'adaptation de la nouvelle éponyme de George Langelaan, déjà portée à l'écran en 1958 avec La Mouche noire, réalisé par Kurt Neumann, avec le légendaire Vincent Price dans le rôle titre. Pour cette relecture des années 80, la 20th Century Fox a d'abord songé à Tim Burton, alors jeune prodige, mais c'est finalement David Cronenberg qui hérite du projet. Un choix qui s'avérera décisif pour l'identité du film, tant le réalisateur canadien est passé maître dans l'art de la métamorphose et du malaise organique.

Seth Brundle (Jeff Goldblum) est un jeune biologiste très doué. Après avoir fait ses premières armes dans une brillante équipe, il se décide à travailler seul. Il met au point une invention qui doit révolutionner le monde: la "téléportation", qui consiste à transporter la matière à travers l'espace. Les essais sur un babouin sont peu convaincants et après des fuites dans la presse, il décide de se téléporter lui-même. Seulement, il ne s'aperçoit pas qu'une mouche fait partie du voyage.

AlloCiné | La Mouche

Cronenberg n'était pas le premier choix, mais son univers visuel et thématique colle parfaitement à cette histoire de transformation. Il réécrit le scénario de Charles Edward Pogue pour y injecter sa patte, plus sombre et viscérale. Côté casting, Michael Keaton était pressenti pour le rôle principal, mais c'est finalement Jeff Goldblum qui incarne Seth Brundle, apportant une intensité et une étrangeté inimitables. Il partage l'affiche avec Geena Davis, alors sa compagne à la ville, ce qui renforce la crédibilité et la tension émotionnelle de leur duo à l'écran. John Getz complète le trio dans le rôle du rédacteur en chef un brin envahissant.

La mise en scène de Cronenberg est à la fois clinique et organique. Il filme la transformation de Brundle avec une précision presque scientifique, tout en laissant la place à l'émotion brute. La photographie de Mark Irwin accentue les contrastes entre le laboratoire aseptisé et la dégradation physique du héros. Les effets spéciaux pratiques, signés Chris Walas et Stephan Dupuis (Oscar du meilleur maquillage à la clé), restent encore aujourd'hui une référence du genre: chaque étape de la mutation est à la fois fascinante et répugnante, sans jamais sombrer dans le ridicule.

La direction d'acteurs est saluée par la critique: Goldblum livre une performance habitée, passant de la maladresse attendrissante à la monstruosité tragique, tandis que Geena Davis incarne une héroïne à la fois forte et bouleversée.

La bande originale est signée Howard Shore, fidèle collaborateur de Cronenberg. Sa partition, à la fois lyrique et oppressante, accompagne parfaitement la descente aux enfers du protagoniste, soulignant la dimension tragique et inéluctable de l'histoire.

Le tournage s'est déroulé à Toronto, au Canada. Pour Jeff Goldblum, incarner Brundle signifiait passer près de cinq heures par jour au maquillage, un exploit de patience et de résistance. Une véritable souffrance pour l'acteur, qui a déclaré des années plus tard qu'il s'agissait de l'une des plus grosses contraintes de sa carrière.

David Cronenberg fait un caméo dans le film: il prête ses traits au gynécologue obstétricien. En fait, tout est parti d'une remarque de Martin Scorsese à David Cronenberg lorsqu'ils se sont rencontrés pour la première fois: le cinéaste italien lui déclara qu'il lui faisait penser à un chirurgien-plastique de Beverly Hills ! Le réalisateur canadien décida donc de faire une petite apparition dans son film en tant que médecin.

A sa sortie, La Mouche est un succès critique et public. Le film engrange plus de 60 millions de dollars au box-office mondial, pour un budget de 15 millions. En France, il attire plus de deux millions de spectateurs. Il reçoit de nombreuses récompenses, dont le Prix spécial du Jury au Festival d'Avoriaz, et figure parmi les meilleurs films de l'année selon la National Board of Review.

Au fil des ans, La Mouche est devenu un classique du cinéma d'horreur et de science-fiction, influençant de nombreux réalisateurs et restant une référence en matière de body horror. Les fans et les critiques saluent encore aujourd'hui la puissance émotionnelle du film, son audace visuelle et la performance inoubliable de Jeff Goldblum.

L'horreur version David Cronenberg est affaire de poussées hormonales, de pertes de substances plus ou moins naturelles, et de handicaps physiques souvent très plausibles. La Mouche n'est pas qu'un film de monstres: c'est une tragédie moderne, une réflexion sur la peur de la maladie, de la transformation et de la perte de soi. Un film qui, presque quarante ans après sa sortie, continue de fasciner, de déranger... et de donner envie de vérifier deux fois avant d'entrer dans une cabine de téléportation ! ^^

Le succès de La Mouche a entraîné une suite dans son sillage avec La Mouche 2 (1989) de Chris Walas, et ce n'est pas très bon. Le film a également fait l'objet d'une adaptation à l'opéra en 2008: The Fly. La première a eu lieu au Théâtre du Châtelet à Paris. Depuis, d'autres projets de remake ont été mis en œuvre, mais n'ont pas abouti. Mais après les tentatives avortées de David Cronenberg (Oui Oui, il voulait remettre ça !) puis de Todd Lincoln, c'est donc au tour du cinéaste J.D. Dillard de se frotter à cette arlésienne, mais depuis 2017 pas de nouvelles.

L'ordinateur est en train de donner son interprétation d'un bifteck. Il traduit et reconstitue le bifteck au lieu de le reproduire. Il y a quelque chose qui se perd pendant la reconstitution de la viande. Ça doit rendre l'ordinateur fou, comme les grand-mères qui cajolent des bébés. Je ne lui ai pas encore enseigné à raffoler de la chair, la poésie du bifteck.

Seth Brundle interprété par Jeff Goldblum | La Mouche

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