[...] Le docteur Petiot, c'est si vous voulez, ce médecin parisien, qui a démontré en 1944, que les juifs étaient soluble dans l'acide sulfurique. En gros, hein, je schématise. [...]

Pierre Desproges | On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle ?

Caricature de Marcel Petiot (Gaël Séjourné).

Dans Jour J - Tome 2 - "Paris, secteur soviétique" (Séjourné, Duval, et Pécau, Delcourt), Gaël Séjourné croque Marcel Petiot et lui donne le rôle du médecin légiste, le docteur Petiot, qui s'avère être le tueur qui œuvre dans le secteur soviétique du Paris coupé en deux de l'après seconde guerre.
(L'image est tirée de la page 21, case 4).

 

Marcel André Henri Félix Petiot, dit le docteur Petiot (1897-1946) était un médecin français. Gamin turbulent, indiscipliné, il est renvoyé de toutes les écoles où il passe. Adolescent, il commet des petits méfaits qu'il ne sait expliquer. Il a dix-sept ans quand un médecin-expert note dans un rapport son -anormalité- congénitale. Marcel poursuit de vagues études de médecine. Blessé léger durant la Première Guerre, un diagnostic fait là encore état de ses troubles mentaux. Tout en étant pensionné par les autorités militaires, il termine poussivement ses études. En mars 1922, le jeune médecin Petiot s'installe à Villeneuve-sur-Yonne, gagnant bientôt une clientèle. Il réussit même, profitant d'une situation confuse, à se faire élire maire de cette ville dès 1926.

Bien que fort contesté, Petiot parvient à se faire réélire quelques temps plus tard. On le sait kleptomane, il est également jugé pour vols, nouvelle occasion d'évoquer son état mental perturbé. Sa gestion municipale hasardeuse s'avérant catastrophique, Petiot est révoqué en tant que maire, mais réussit à se faire élire conseiller général. Il finit par être démis de tous ses mandats, après quelques procès. Malgré des rumeurs allant jusqu'à évoquer des comportements malsains, Petiot profite d'une certaine impunité. De toutes façons, il a décidé de quitter Villeneuve-sur-Yonne pour Paris. Avec sa famille, il s'y installe, ouvrant un cabinet en septembre 1933, rue Caumartin.

Charlatanisme et escroquerie, lui sont rapidement reprochés. Il est aussi inquiété pour trafic de stupéfiants, à destination de toxicomanes notoires. En 1936, il est jugé pour une affaire de vol et de violences. Son cas psychologique est étudié: puisqu'il s'agit d'une démence complexe, un internement d'office est exigé par la Justice. Petiot s'appuie sur la relativité des rapports médicaux pour ne pas être enfermé trop longtemps. Alors qu'arrive la guerre et l'Occupation de Paris, l'acheteur compulsif qu'est Marcel continue à acquérir meubles et bibelots. Qu'il va stocker dans un ancien hôtel particulier délabré et inhabité dont il devient propriétaire, au 21 rue Lesueur.

C'est sous le nom de Docteur Eugène qu'il organise un prétendu réseau permettant de fuir la France. Des familles juives, mais aussi des truands désireux de quitter Paris, passent à cette adresse puis disparaissent sans laisser de traces. Après un procès pour avoir fourni de la morphine à des toxicos, Petiot va connaître des ennuis avec la Gestapo française. Emprisonné à Fresnes, il est torturé, mais prétend n'être qu'un rouage du réseau aidant des gens à quitter le pays. Libéré, il poursuit ses activités. Le 21 rue Lesueur finit par être repéré, à cause d'une chaudière trop fumante. Outre une curieuse pièce triangulaire, on y trouve des débris humains et de la chaux vive. Petiot s'arrange pour ne pas être pris.

Tandis que le commissaire Georges Massu mène l'enquête, c'est la Libération de Paris. Le docteur Petiot joue au Résistant, jusqu'à son arrestation quelques mois plus tard. Face au juge d'instruction, il raconte appartenir à des réseaux de Résistance, se justifiant plutôt mal que bien. Depuis sa fuite, les médias font largement écho à cette affaire. Son procès, où il est défendu par l'avocat René Floriot pour la deuxième fois après l'affaire de drogue, en fait une célébrité. Les vingt-sept meurtres retenus contre lui sont tellement évidents, qu'on en oublie quasiment de revenir sur le cas psychiatrique de Petiot. Pourtant, durant les débats, il apparaît assez délirant. Il est condamné à mort, et exécuté en 1946.

PS: La fortune indûment amassée par Petiot, en dépouillant ses victimes, reste introuvable. Selon certaines estimations, elle atteindrait quelque 30 millions d'euros.

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