La dimension de mes sentiments est trop violente.

Klaus Kinski

Caricature de Klaus Kinski (Yves Swolfs).

Dans Durango - Tome 1 - "Les chiens meurent en hivers" (Swolfs, Soleil) Yves Swolfs croque Klaus Kinski et lui fait jouer le rôle de Reno, un tueur à la solde du sénateur Howlett.
(L'image est tirée de la page 16, case 7).

Outre ce clin d'œil fait à l'acteur, l'auteur fait surtout référence à son interprétation de Tigero dans le western Le grand silence de Sergio Corbucci. Pour aller plus loin, c'est l'album complet qui fait référence au film, il est incontestable que Swolfs s'est très largement inspiré du scénario pour la trame de son histoire, et de la photographie et des costumes pour le rendu de ses planches.

 

Klaus Kinski (1926-1991) était un acteur allemand. Il grandit dans un milieu très modeste, et est très vite confronté à la délinquance et à la débrouillardise. A tout juste dix huit ans il se trouve mobilisé dans l’armée allemande. Blessé au cours d’un combat, il est fait prisonnier. C’est durant sa captivité qu’il monte sur les planches pour divertir ses camarades. A son retour de la guerre il se lance donc dans le théâtre en se produisant dans des pièces de Jean Cocteau. Son penchant pour la provocation et la fureur est révélé lors d’une représentation de La voix humaine en 1947.

Il fait ses premiers pas au cinéma dans les années 50. Il apparaît notamment dans Le docteur Jivago puis dans plusieurs séries B mais ce sont deux westerns spaghetti qui le font connaître: Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone, et Le Grand Silence de Sergio Corbucci. Ce dernier relate les déboires d’une petite province de l'Utah, aux Etats-Unis. L’action se déroule en 1898 par un froid extrême. L’environnement hostile pousse alors les hors-la-loi, les bûcherons et les paysans à piller les villages. Kinski y interprète Tigrero, un chasseur de prime, à la fois cruel et doucereux, payé pour les abattre. Mais Pauline, dont le mari a été tué par Tigrero, engage, Silence alias Jean-Louis Trintignant, un pistolero muet, pour la venger. Un combat s’engage entre les deux guerriers. Le regard de Kinski, ses yeux sont filmés en gros plan comme deux carats inquiétants, est particulièrement mis en valeur lors des face-à-face, et annonce sa démesure frôlant la démence, qu’il cultivera par la suite pour les personnages imaginés par Werner Herzog.

Dans les années 1970, il multiplie les films et peine à se faire connaître du grand public: De Sade: Les infortunés de la vertu, Les nuits de Dracula, Jack l'éventreur, Nosferatu fantôme de la nuit... La reconnaissance arrive avec Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog, Woyzeck, Fitzcarraldo, ou encore Cobra Verde.

Si ces films, fruits de sa collaboration avec Herzog, lui apportent la consécration dans le monde du cinéma, Kinski avoue cyniquement avoir choisi d'autres films dans sa carrière uniquement en fonction du cachet et de la durée du tournage, et avoir même refusé des offres de Spielberg ou d'Akira Kurosawa sous le motif que ces derniers ne lui proposaient pas assez d'argent.

Acteur charismatique, il est réputé pour ses coups de tête et ses colères ravageuses. Les relations difficiles qu'elles entraînent avec les réalisateurs font l'objet du film documentaire de Werner Herzog, dont il était l'acteur fétiche: Ennemis intimes.

Dans son autobiographie, Crever pour vivre, il y parle de son enfance misérable, de ses aventures crapuleuses, de ses passions, de ses haines, de ses folies, de son goût de la démesure, et de ses préférences sexuelles pour les mineures. Sa famille est outrée par le contenu du livre, qui contribue à éloigner l'acteur de ses enfants. Seul son fils cadet, Nikolai, assiste à ses funérailles en 1991. En 2013, ces deux filles l'ont accusé d'abus sexuelles.

On devrait juger un homme principalement de ses turpitudes. Ses vertus peuvent être truquées. Ses dépravations sont réelles.

Klaus Kinski

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