Fuis l'étude qui donne naissance à une œuvre appelée à mourir en même temps que son ouvrier.

Léonard de Vinci


Dans Astérix - Tome 37 - "Astérix et la Transitalique" (Conrad et Ferri • Les éditions Albert René) Didier Conrad croque Léonard de Vinci et lui donne le rôle d'un journaliste couvrant la course de chars Transitalique à laquelle participent Astérix et Obélix.
(L'image est tirée de la page 24, case 3).

Autoportrait de Léonard de Vinci exposé à la Bibliothèque Royale de Turin (1517). Léonard de Vinci selon Didier Conrad.
Autoportrait de Léonard de Vinci exposé à la Bibliothèque Royale de Turin (1517)
et
Astérix - Tome 37 de Didier Conrad et Jean-Yves Ferri (Page 24, case 3).

Le dessin que j'ai utilisé pour illustrer cette caricature est L'Autoportrait de Léonard de Vinci, dessiné à la sanguine en 1517. Il montre le visage d'un vieil homme barbu à l'expression grave et réfléchie. Cet œuvre, conservé à la Bibliothèque Royale de Turin, est considéré comme la seule représentation authentique de l'artiste, bien que son attribution ait parfois été contestée. Le dessin incarne la sagesse et la profondeur typique de Léonard à la fin de sa vie.

 

Léonard de Vinci (1452-1519) était un peintre, simultanément organisateur de spectacles et de fêtes, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, philosophe et écrivain. Il n'était pas vraiment destiné à marquer l'Histoire. Fils illégitime d'un notaire et d'une paysanne, il a su transformer ce départ "hors des clous" en une force. Sans l'obligation de suivre la voie paternelle, il a laissé libre cours à sa curiosité insatiable. Et quelle curiosité ! L'homme collectionnait les casquettes comme on collectionne les timbres. Dès son plus jeune âge, dans l'atelier du célèbre Verrocchio à Florence, il dépasse rapidement le maître. La légende raconte même que Verrocchio, dépité par le talent de son élève sur Le Baptême du Christ, aurait décidé de ne plus jamais toucher un pinceau.

Quand on pense "De Vinci", on pense Joconde. Et c'est là que notre regard critique commence. Oui, Mona Lisa est une révolution picturale. Ce fameux "sfumato", cette technique qui noie les contours dans une douce brume, donne au tableau une atmosphère et une vie incroyables. Son sourire, qui apparaît et disparaît selon l'angle de vue, relève du coup de génie optique. Mais Léonard était un grand procrastinateur. Nombre de ses œuvres sont restées inachevées, comme L'Adoration des Mages ou son Saint Jérôme. Il passait des années sur un tableau, le retouchant sans cesse, obsédé par la perfection. Une qualité pour le résultat final, un cauchemar pour ses commanditaires qui attendaient parfois leur dû pendant des lustres.

N'oublions pas La Cène, cette fresque monumentale à Milan. Une merveille de composition et de psychologie, qui saisit l'instant précis où le Christ annonce que l'un de ses apôtres va le trahir. Chaque personnage réagit différemment, une véritable étude des émotions humaines. Le bémol ? Léo, en bon expérimentateur, a utilisé une technique de peinture qui a très mal vieilli, obligeant à d'incessantes restaurations.

Réduire Léonard à ses peintures serait une insulte. Ses carnets, des milliers de pages noircies de son écriture spéculaire, révèlent un esprit en ébullition constante. Il a dessiné des machines volantes, des chars d'assaut, un scaphandre, des ponts tournants et même l'ancêtre de l'hélicoptère. La plupart de ses inventions étaient irréalisables à son époque, faute de matériaux adéquats ou de source d'énergie suffisante. Imaginez-le avec une imprimante 3D et une batterie au lithium... le monde ne serait pas le même aujourd'hui !

Son obsession pour la mécanique et l'anatomie (L'Homme de Vitruve) n'avait pas de limites. Pour comprendre le fonctionnement du corps humain, il n'a pas hésité à disséquer des cadavres (une pratique interdite et risquée à l'époque), réalisant des planches anatomiques d'une précision inégalée. Il a été le premier à dessiner correctement un fœtus dans l'utérus, à comprendre le fonctionnement des valves cardiaques... Bref, un véritable précurseur de la médecine moderne.

Au-delà du génie, Léonard était un personnage fascinant. Végétarien (fait rarissime pour l'époque), il aimait les animaux au point d'acheter des oiseaux en cage sur les marchés pour leur rendre leur liberté. Gaucher contrarié, il a su faire de cette particularité une force. Il organisait des fêtes somptueuses pour la cour, créant des automates et des mises en scène spectaculaires.

Invité en France par le roi François Ier, qui le vénérait comme un père, il passera les dernières années de sa vie au Clos Lucé, près d'Amboise. Il s'éteint en 1519, laissant derrière lui une œuvre immense et le sentiment d'un potentiel encore inexploité.

Alors, Léonard de Vinci, génie absolu ou touche-à-tout de talent ? Probablement un peu des deux. Un homme qui nous rappelle que la curiosité est le plus beau des moteurs et que les frontières entre l'art et la science n'existent que pour ceux qui manquent d'imagination.

Sachez vous éloigner car, lorsque vous reviendrez à votre travail, votre jugement sera plus sûr.

Léonard de Vinci

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