Bénédicité
08 nov. 2014Un missionnaire, c'est un type qui apprend aux cannibales à dire le bénédicité avant de le manger.
Fred Allen
Saying Grace de Norman Rockwell pour la couverture du Saturday Evening Post (1951).
Superman for all seasons #1 de Tim Sale et Jeph Loeb (Page 8).
Dans le comic book Superman for all seasons #1 - "Spring" (Sale et Loeb • DC Comics) Tim Sale rend hommage à Norman Rockwell, en s'inspirant de l'illustration Saying Grace faisant la Une du Saturday Evening Post du 24 novembre 1951 sur une planche de sa BD.
Là, pour le coup, c'est plus un hommage qu'un pastiche car il y a pas mal de différences. On retrouve bien la même vielle dame vêtue de noir à droite, mais le garçonnet a disparu. Même si leurs postures sont différentes, on va dire que Clark Kent et Lana Lang remplacent les deux jeunes hommes qui observent la prière de grand-mère. Le rajout de Martha et Jonathan Kent fait référence à Freedom from want, une autre célèbre illustration de Norman Rockwell. Tim Sale est coutumier du fait, il avait déjà en quelque sorte fusionné plusieurs œuvres de Rockwell »ici« et »là«.
Dans l'américaine puritaine, Saying Grace est une des illustrations de Rockwell la plus plébiscitée par le public. Le sujet en est simple: une bénédicité avant un repas dans le restaurent bondé d'une gare. Une vieille dame et son petit fils prient avant leur repas sous le regard de deux jeunes hommes forcés de s'atabler avec eux à cause du manque de place. Autour, le visage des badauds tahit leur curiosité et leur perplexitude face à cette scène insolite.
Le travail de Rockwell sur la lumière est considérable, les détails qu'il nous montre participent tous à la véracité de la scène, les couverts et la tasse de café au premier plan, les petites fleurs sur le chapeau de la grand-mère...
Hélas, cette dame n'aura pas le loisir de feuilleter le Post et de s'y voir en couverture, elle est décédée quelques jours avant la sortie du journal. Le jeune garçon qui est de dos est Jarvis, un des enfants de Rockwell.
Norman Rockwell prépare ses tableaux en faisant des photos où il met en scène ses modèles. On peut voir en lui, un des ancêtres de Photoshop: il construit l'image définitive, celle qu'il va peindre ensuite, à partir de plusieurs photographies, qu'il découpe et agence les unes aux autres, comme on le fait aujourd'hui sous assistance informatique.
Bref, des photos comme représentation d'une réalité qu'il met en scène et retravaille pour ensuite créer une peinture hyper réaliste, qui en soi ne représente donc pas la réalité... Tu me suis ? Non ! C'est normal ! ^^
Elle fut refoulée chapelles alentour
Nulle bénédiction n'accompagne son chant
De nouveau parmi nous la voici de retour
A donner des leçons, coasser à tous vents.
Elle qui se croyait là, égale du bœuf
Qui se gonfle d'orgueil à vouloir éclater
Nous distille son chant comme s'il était neuf
Ce ne sont que morceaux quelque peu réchauffés.
Onques ne vient prier dans son humble bassin
Elle nage pourtant et seule se débat
Son cri ne parvient pas, même à ses voisins
Monte sur l'escabeau, munie d'un porte-voix.
Fait savoir qu'elle vit, le hurle cependant
Invective déjà ses congénères dans
L'espoir qu'on entendra son chant de batracien
Saute du bénitier et pense que c'est bien.
Dans la mare s'ébroue, qu'on ne l'attendait plus
Sur chaque nénuphar pose ses excréments
Excède l'environ espérant qu'on la crût
Rentre dans son bocal, ressortira pourtant.
Marthy | La grenouille sans bénitier
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