Le dernier repas au saloon
11 sept. 2014Ils sont à table. Ils ne mangent pas. Ils ne sont pas dans leur assiette. Et leur assiette se tient toute droite, verticalement derrière leur tête.
Jacques Prévert | Paroles
La Cène de De Vinci exposée dans l'église Sainte-Marie-des-Grâces de Milan (1498).
Sur un ex-libris tiré da la série Lincoln (Famille Jouvray, Paquet) Jérôme Jouvray parodie la fresque de Léonard de Vinci, La Cène. Ici, le fils de Dieu, Jésus Christ, est remplacé par Lincoln.
Pour avoir plus de détails sur cette fresque, et en voir un autre pastiche, va faire un tour »ici« où j'ai déjà traité le sujet. 😉
En 1726 a lieu une première campagne de restauration de la fresque par le peintre Michelangelo Bellotti. Il semble qu'il ait lavé la fresque avec un produit corrosif puis l'ait ensuite repeinte lui-même. Les repeints de Bellotti perdant de leur éclat, une seconde campagne est menée en 1770 par Giuseppe Mazza et interrompue par le prieur de Santa Maria delle Grazie. Seules les figures de Matthieu, Thaddée, et Simon sont épargnées par ses repeints.
La République Cisalpine propose au peintre Andrea Appiani de détacher la Cène, mais celui-ci refuse, jugeant l'état de l'œuvre trop dégradé.
En 1821, Stefano Barezzi songe à son tour à détacher la fresque. Il fait un premier essai malheureux sur un détail de la nappe, puis un second sur la main gauche du Christ, qui laisse des traces d'incision encore visibles jusqu'à la restauration de Pinin Brambilla Barcilon. Plus de trente ans plus tard, il mène la campagne de restauration des murs latéraux, remettant au jour les cinq lunettes aux armes des Sforza.
En 1901, la première campagne de restauration s'appuyant sur des photographies détaillées de grande taille est menée par Luca Beltrami et Luighi Cavenaghi. Mais la peinture continuant à se détacher de la paroi, une autre intervention, celle d'Oreste Silvestri s'avère nécessaire.
Dans la nuit du 16 août 1943, l'église de Santa Maria delle Grazie est gravement endommagée par un bombardement. La voûte et le mur du réfectoire sont détruits. Même épargné, le mur de la Cène est victime de l'humidité causée par la destruction de la voûte. Il se couvre d'une couche de moisissure, nécessitant une nouvelle campagne de restauration menée en 1947 par Mauro Pellicioli. Pour cela, il utilise une nouvelle gomme-laque, diluée dans de l'alcool, qui semble effectivement avoir consolidé la pellicule de peinture sur la paroi.
De 1978 à 1999, une nouvelle intervention est menée par Pinin Brambilla, visant à restituer -le vrai Léonard-. Avant d'entamer cette nouvelle campagne de restauration, un diagnostic est émis sur les causes de la détérioration de la fresque. Sont principalement mis en cause: l'enduit d'origine, l'humidité, les repeints et les techniques des premières restaurations, et la poussée non compensée de la voûte sur le mur. Le programme de cette nouvelle campagne de restauration est le suivant: recoller les fragments de la pellicule de peinture qui s'étaient détachés, nettoyer la Cène des différents repeints, assurer la cohérence de l'œuvre quand la pellicule de peinture manque, créer une banque photographique sur les différentes phases de la restauration en utilisant quand nécessaire la macro-photographie.
PS: La restauration a ses détracteurs, dont James Beck qui s'interroge sur "la proportion de peinture d'origine, autrement dit d'authentique Léonard, subsistant sur le mur" et sur "l'italianité" de cette entreprise, dont auraient été écartés les spécialistes étrangers.
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