Ce qui me surprend dans la vie, ce ne sont pas les mariages qui échouent, mais les mariages qui réussissent.

Rita Hayworth


Dans Meurtres fatals - Tome 2 - "Meurtres fatals 002" (Maëster • Fluide Glacial) Maëster croque Rita Hayworth et lui donne le rôle d'un clone d'elle-même à la solde d'Eric Von Blutchfeld, sur une planche de son histoire "On ne meurt jamais deux fois éternellement !". Ce dernier l'imagine dans le rôle de Catherine Tramell à la place de Sharon Stone dans le film Basic Instinct.
(L'image est tirée de la page 21, case 5).

Gilda de Charles Vidor (1946). Gilda selon Maëster.
Gilda de Charles Vidor (1946)
et
Meurtres Fatals - Tome 2 de Maëster (Page 21, cases 4 et 5).

Avec ce clin d'œil, l'auteur rend aussi hommage au film Gilda de Charles Vidor où elle incarne le rôle-titre du plus fabuleux déhanché d'Hollywood suivit du plus sensuel des strip-teases à travers un simple gant retiré en chanson. Si tu veux en apprendre plus sur cette séquence, je t'invite à te rendre »ici« où j'ai déjà traité le sujet. 😉

 

Rita Hayworth, de son vrai nom Margarita Carmen Cansino (1918-1987) est une actrice américaine. Très jeune, elle suit les enseignements de danse de son père, danseur professionnel andalou, et se produit à Hollywood au sein de la troupe familiale, les Dancing Casino. A l'âge de 15 ans, la jeune adolescente se fait remarquer par Winfield R. Sheehan de la Fox Film Corporation, qui lui fait faire ses premiers pas au cinéma. Un régime et quelques cours de diction plus tard, elle se retrouve aux côtés de Spencer Tracy dans le film L'enfer.

La jeune actrice enchainera dans un premier temps les rôles de danseuses exotiques dans des films de séries B tels qu'Under the Pampas Moon ou Charlie Chan en Egypte (1935), avant d'être pressentie pour jouer les têtes d'affiche de Ramona, un des projets d'envergure de la future 20th Century Fox. Mais c'est sans compter son nouveau producteur en chef, Darryl F. Zanuck, qui loin de partager l'enthousiasme de Winfield Sheehan, lui préfère Loretta Young et met fin à son contrat. Bouleversée et amère, Rita s'abandonne aux bras de son premier amour, Edward C Judson, un homme d'affaires arriviste, nouvelle figure paternelle de 20 ans son ainé, qui la présente au patron de la Columbia Pictures, Harry Cohn. Avides et obsédés par la jeune femme, les deux hommes la façonneront tour à tour à leur gré, métamorphosant la brune latine peu assurée en la rousse flamboyante que l'on connait. A 19 ans, à l'affiche de Criminels de l'air (1937), Rita Cansino devient Rita Hayworth, du nom de jeune fille de sa mère.

A peine deux ans plus tard, c'est sous l'œil exigeant d'Howard Hawks qu'elle connaitra son premier vrai succès: un second rôle et plus précisément une scène d'ivresse dans Seuls les anges ont des ailes révèlent en effet ses talents de comédienne face aux stars que sont Cary Grant et Jean Arthur. Par la suite, la vedette remodelée fait honneur à son public dans Suzanne et ses idées de George Cukor, elle s'impose dans la comédie musicale The Lady in question sous la direction de Charles Vidor et aux côtés de Glenn Ford, deux hommes avec qui elle retravaillera de nombreuses fois. Enfin Raoul Walsh et la Warner pensent à elle pour remplacer Ann Sheridan dans La Blonde framboise (1941). C'est dans ce film que Rita Hayworth forgera, à force de fraicheur et de séduction, son image d'icône glamour. Son sens de la chorégraphie et sa gestuelle sensuelle séduisent en effet le tout Hollywood, de Rouben Mamoulian qui, pour ses Arènes sanglantes, l'impose à la Fox et à un Zanuck repenti, à Fred Astaire qui voit en elle une partenaire fétiche le temps de deux grands succès musicaux: L'Amour vient en dansant et O toi ma charmante. A 23 ans à peine, l'ex apprentie danseuse tient l'affiche aux côtés de son idole et devient une vedette internationale. Rita Hayworth s'impose en pleine seconde guerre mondiale comme la pin-up préférée des GI américains, immortalisée par le célèbre Life Magazine.

Un magazine que feuillètera un certain Orson Welles, à son tour immédiatement séduit par le charme de l'actrice qu'il désire à tout prix rencontrer. Désorientée par son récent divorce d'un Edward Judson devenu maladivement violent et surprise de susciter l'intérêt de l'auteur de Citizen Kane, Rita finira par céder à ses avances. Une idylle passionnée, un mariage à la sauvette et une petite Rebecca plus tard, "la belle et le génie" s'imposent comme le couple phare d'Hollywood. En 1947, année de son mariage avec Orson Welles, la danseuse hors pair retrouve les bras de Gene Kelly et la caméra de Charles Vidor pour la comédie musicale La Reine de Broadway. Des retrouvailles fécondes pour ce film à succès qui annonce déjà Gilda, apothéose de la collaboration entre l'actrice et son réalisateur. Dans ce film noir d'anthologie porté également par le désormais familier Glenn Ford, Rita Hayworth incarne la femme fatale par excellence, effrontée et inoubliable dans une scène légendaire au cours de laquelle elle ôte de façon suggestive un gant noir sur le célèbre air "Put the blame on mame". En 1946, si ses finances et sa vie professionnelle s'envolent, sa vie privée bat de l'aile, douloureusement marquée par les escapades trop nombreuses de son mari et par ses propres crises de jalousie.

C'est en outre en pleine instance de divorce qu'Orson Welles offrira à Rita Hayworth le rôle le plus dramatique, le plus riche et le plus complexe de sa vie. Désireux de démythifier l'icône, le cinéaste coupe et teint en blond platine la célèbre chevelure flamboyante de la star pour les besoins de La Dame de Shanghai. Un pari osé pour un chef d'œuvre de technicité qui n'évitera pas le désastre financier, sonnant en même temps la fin de l'union prospère du couple glamour. Très vite, fuyant Hollywood et sa déception, Rita se consolera dans les bras de son futur époux, le prince Ali Khan, dont elle aura une seconde fille, Yasmine. Un amour rêvé mais de courte durée, abîmé par la polygamie de son mari et sanctionné là encore par un troisième divorce.

De retour sur les plateaux quatre ans plus tard, l'actrice tentera en vain de renouer avec le succès dans L'Affaire de Trinidad (1952). Après avoir abordé le genre biblique et encore une fois imposé ses talents de danseuse dans l'extravagant Salomé, elle rejoue les tentatrices dans Miss Sadie Thompson. Mais le temps a passé et malgré elle, Rita Hayworth connait une traversée du désert, Hollywood ne lui proposant plus que des rôles de femmes vieillissantes: L'Enfer des tropiques ou Tables séparées.

Ternie, la réputation de l'actrice l'est en grande partie à cause de sa privée mouvementée, faite de violence et de conflits perpétuels, d'un quatrième mariage raté avec Dick Haymes un chanteur trouble et intéressé puis d'un cinquième avec le producteur, James Hill, tout aussi usurpateur. Si la star offre encore de beaux moments au cinéma comme dans Le plus grand cirque du monde avec John Wayne, son déclin s'amorce à partir des années 60 avec un penchant de plus en plus prégnant pour l'alcool. Atteinte par la maladie d'Alzheimer, Rita Hayworth arrête sa carrière en 1972 et s'éteint 15 ans plus tard, rejoignant à jamais le panthéon des stars maudites d'Hollywood.

Juste parce que j'ai été mariée à Aly Khan, les gens pensent que je suis riche. Eh bien, je ne le suis pas. Je n'ai jamais reçu un centime d'Aly ni d'aucun de mes maris.

Rita Hayworth

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