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Le juge Weaver interprété par Joseph N. Welch | Autopsie d'un meurtre

Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger (1959). Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger (1959).
Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger (1959).


Ex-libris RIP - A Momie Folie movie de Julien Monier.

Avec l'ex-libris A Momie Folie movie de la série RIP (Monier et Gaet's • Petit à Petit) Julien Monier parodie l'affiche du film Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger. Ici, Laura Manion campée par Lee Remick est remplacée par l'épouse de Derrick, le lieutenant Frederick Manion interprété par Ben Gazzara devient Derrick, l'avocat Paul Biegler incarné par James Stewart se transforme en Mike.

 

Autopsie d'un meurtre (Anatomy of a Murder en VO) est un long métrage américain réalisé par Otto Preminger, sorti dans les salles obscures le 29 juin 1959, qui s'impose comme l'un des sommets du film de procès et du cinéma judiciaire. Adapté du roman de John D. Voelker sous le pseudonyme Robert Traver, le scénario est signé Wendell Mayes.

L'avocat Paul Biegler (James Stewart) reçoit un coup de téléphone de Laura Manion (Lee Remick) lui demandant d'assurer la défense de son mari. Le lieutenant Frederik Manion (Ben Gazzara) a tué un propriétaire de bar qui avait violé sa femme. Biegler accepte de le défendre. Le procès commence et la vérité a du mal à émerger, d'ailleurs les avocats et les juges, s'affrontant dans des batailles juridiques, en sont en réalité peu soucieux.

AlloCiné | Autopsie d'un meurtre

Preminger livre ici un tableau acide et cynique du système judiciaire américain. Le film refuse de donner une vérité objective: chaque élément du procès, chaque témoignage, chaque stratégie de défense ou d'attaque, ne fait qu'épaissir le brouillard autour des faits. Le spectateur, comme le jury, est ballotté entre empathie, suspicion et perplexité. La décision finale du tribunal – l'acquittement de Manion – est expédiée, presque désamorcée, comme pour souligner que la justice ne tranche pas toujours entre le bien et le mal, mais se contente de statuer sur la véridicité des faits présentés.

Contemporain de la nouvelle vague, Autopsie d'un meurtre se distingue par une mise en scène moderne, faite de longs plans-séquences, de panoramiques subtils, et d'un refus du spectaculaire. Preminger aborde frontalement des thèmes tabous pour l'époque: le viol, l'ambiguïté sexuelle, la manipulation des preuves et des témoins. Le film ose montrer la complexité des relations humaines et la difficulté de parvenir à une justice véritable.

James Stewart livre une prestation magistrale, tout en sobriété, face à un George C. Scott redoutable dans le rôle du procureur. Lee Remick, en femme-enfant à la sensualité ambiguë, et Ben Gazzara, en militaire trouble, complètent un casting impeccable. Le film est salué pour la qualité de ses dialogues, la finesse de son écriture, et la subtilité de sa construction narrative.

La musique de Duke Ellington, jazzy et élégante, accompagne l'ensemble et contribue à l'atmosphère feutrée mais tendue du film. Le générique, signé Saul Bass, est devenu emblématique.

Le film d'Otto Preminger est dans un premier temps victime de la censure, notamment parce qu'on n'y fait mention d'un slip perdu par l'épouse du lieutenant Manion, les mots slip et spermatogenèse sont répétés une vingtaine de fois, ce qui choque à l'époque. Chose étonnante, dans le film lorsqu'on y fait allusion, les personnages insistent pour qu'on change de terminologie afin de désigner le slip par un mot moins tendancieux devant le tribunal, ce qui marque une anticipation et une certaine ironie.

Lors de sa sortie en France, Autopsie d'un meurtre réalise moins de 500 000 entrées. Le public français n'a pas compris certaines subtilités concernant les lois américaines, encore inconnues en France à l'époque.

Autopsie d'un meurtre est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands films de procès, une référence du genre, et un modèle d'intelligence scénaristique et de mise en scène. Il interroge la notion même de vérité judiciaire et la capacité du cinéma à en rendre compte, tout en offrant un spectacle captivant, où la tension dramatique naît moins de la révélation des faits que de leur perpétuelle remise en question.

Le procureur veut séparer le motif de l'acte. C'est comme essayer de retirer le trognon d'une pomme sans toucher la peau.

Paul Biegler interprété par James Stewart | Autopsie d'un meurtre

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