[C'est] la première grande toile qui peut être qualifiée de révolutionnaire dans tous les sens du terme: par son style, son sujet et son intention.

Kenneth Clark

Les Fusillades du 3 mai de Goya exposé au musée du Prado à Madrid (1814).
Les Fusillades du 3 mai de Goya exposé au musée du Prado à Madrid (1814).

Les Fusillades du 3 mai selon Golo.
Ballades pour un voyou de Golo et Frank (Page 18, case 1).

Dans Ballades pour un voyou (Golo et Frank, Le Square) Guy Nadaud dit Golo pastiche la toile de Francisco de Goya, Les Fusillades du 3 mai ou Tres de Mayo, sur une planche de sa BD. Ici, le tableau de Goya est transposé dans un songe de Jeannot qui, accompagné de son pote Nicolas et d'Isabelle, son ex, s'imagine sur le point d'être exécuter par la police.

 

Le tableau Les Fusillades du 3 mai, aussi connu sous le titre Tres de Mayo, contraction El tres de mayo de 1808 en Madrid en version originale espagnole, est peint par Francisco de Goya (1746-1828) en 1814. La toile est le second panneau d'un dyptique dont le premier tableau s'intitule El dos de mayo de 1808 en Madrid (1814).

Replaçons nous dans le contexte nous sommes 1808, Napoléon vient de faire de son frère Joseph le roi d'Espagne. Mais les habitants de Madrid refusent et se révoltent le 2 mai 1808. Episode dépeint sur la première toile Dos de Mayo. En réponse à ces émeutes, les révoltés sont fusillés en plusieurs points de la ville durant la nuit du 2 au 3 mai sur l'ordre du maréchal Murat. Evénements retracés sur le second tableau Tres de Mayo qui nous intéresse aujourd'hui.

Le peuple de Madrid abusé s'est laissé entraîner à la révolte et au meurtre. [...]. Du sang français a coulé. Il demande à être vengé.

Murat, chef des armées de Napoléon en Espagne

Le sujet de la toile, sa présentation ainsi que la force émotionnelle qu'elle dégage font de cette peinture l'une des représentations les plus connues de la dénonciation des horreurs liées à la guerre. Bien que s'inspirant en partie d'œuvres d'art l'ayant précédé, Les Fusillades du 3 mai marque une rupture par rapport aux conventions de l'époque. Cette toile diverge des représentations traditionnelles de la guerre dépeintes dans l'art occidental et est reconnue comme l'une des premières toiles de l'ère moderne.

En premier plan, la répression est figurée par des soldats faisant dos au spectateur. Unis, et anonymes, ils représentent la brutalité aveugle de la guerre et la répression. Le massacre est souligné par l'entassement des corps baignant dans leur sang. Le personnage central est un martyr à l'image du Christ en croix. La position des bras, l'attitude face à la mort et la chemise blanche de l'innocence éclaire le tableau. Il symbolise la résistance espagnole. En arrière plan, le palais Liria et la nuit représentent la noirceur dans laquelle l'Espagne réprimée est plongée.

PS: Tres de Mayo a été la source d'inspiration d'autres toiles dont L'exécution de Maximilien d'Edouard Manet et les toiles de Pablo Picasso, Massacre en Corée et Guernica. Ce tableau a donc une portée universelle.

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