Pour faire suite au billet ROBERTa, la bien nommée ! publié il y a quelques semaines, voici la réponse à la petite colle que je te posais en post-scriptum de l'article du 11 novembre dernier. 😉

La Punition de Pierre-Alain Jolivet (1973). Photographie de Karin Schubert sur le tournage du film La punition de Pierre-Alain Jolivet (1973).
La Punition de Pierre-Alain Jolivet (1973)
et
une photographie de Karin Schubert sur le tournage du film.

Karin Schubert selon Alessandro Biffignandi. Karin Schubert selon Alessandro Biffignandi.
Zara la vampire - Tome 40 - de Balzano et Pederiali (Couverture de Biffignandi).

Dans le fumetti Zara la vampire - Tome 40 - "La vengeance de Frau Murder" (Balzano et Pederiali, Elvifrance), Alessandro Biffignandi, l'illustrateur de la couv', pastiche l'affiche du film La punition de Pierre-Alain Jolivet sur le second plan de la couverture de sa BD. Ici l'actrice Karin Schubert alias Britt dans le long métrage est remplacée par la soubrette au dos ensanglanté.

Pour constater le plagia, il faut bien comparer le dessin avec l'affiche française du film et non avec la photographie qui elle a servis pour les affiches d'autres pays, car la position des bras y est différente.

 

La Punition est un film franco-italien de Pierre-Alain Jolivet, réalisé en 1972 et sorti en 1973. Le long métrage raconte la vie, le dressage, et la mort d'une prostituée. Le scénario est inspiré du livre autobiographie de Xavière du même nom.

La commission de contrôle a d'abord bloqué la sortie du film pendant trois mois, avant de l'autorisé avec la mention "Interdit au moins de 18 ans". La première affiche du film est censurée car jugée blasphématoire. Elle arborait une Karin Schubert nue crucifiée comme le Christ. Elle est remplacée par la version qui nous réunit aujourd'hui, montrant de nouveau l'actrice nue dans une position de martyre et emprisonnée dans un cube invisible.

Prostituée de luxe, Britt doit se soumettre aux exigences de Manuel, un proxénète cupide et cruel. Comme elle ne s'est pas montrée suffisamment docile avec un client, Manuel décide de la soumettre à "la punition". Une voiture conduit Britt dans une propriété lyonnaise où sont séquestrées les prostituées récalcitrantes. Dépouillée de tous ses vêtements, la jeune femme est enfermée dans une pièce sordide. Là, elle va devoir accepter les pires sévices de la part de clients particulièrement pervers...

UniFrance | La Punition

Jolivet livre un objet bizarre, d'où surgissent des plans parfois très réussis et d'autres racoleurs et gratuits, des moments d'hystérie secouants et dérangeant, mais aussi une mélancolie qui suinte de partout grâce à la magnifique musique de Bookie Binkley et au regard perdu de Karin Schubert. La manière dont cette ex-starlette des seventies s'offre à l'écran est sans doute ce qu'il y a de plus bouleversant: dans ses sanglots, qu'on jurerait authentiques, on ne peut s'empêcher d'entrevoir la descente aux enfers que l'actrice vivra quelques années plus tard pour sauver son fils toxicomane, avec une escalade dans le porno qui la froissera définitivement corps et âme. C'est dire si, oui, cette "Punition" va au-delà de la simple curiosité déviante.

 

Karin Schubert (1944) est une actrice allemande. Parmi toutes ces stars de l'éphémère, il en fallait bien une qui ait fasse le choix inverse, à savoir passer du cinéma traditionnel au cinéma X. Dans nos souvenirs d'enfance on associe volontiers à la candide Reine de La Folie des grandeurs. La jolie Fräulein, dont était secrètement amoureux le domestique joué par Yves Montand, fit également ses armes sous la direction d'Edward Dmytryk dans Barbe-Bleue et Yves Boisset dans L'Attentat avant de succomber aux charmes de l'érotisme à l'italienne avec Mariano Laurenti dans Fais vite, monseigneur revient !.

Dans les années 80, Karin Schubert a beau avoir une quarantaine d'années, sa décision est prise: sa place sera dorénavant sur les plateaux de films ultra-coquins. Raison invoquée ? Sans doute pour subvenir aux besoins de son fils toxicomane. Le titre du film de Luigi Comencini, Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ?, qu'elle interpréta en 1975, résume à lui seul la carrière tumultueuse de cette actrice reniée par Gérard Oury.

Elle fait trois tentatives de suicide au milieu des années 90. En 2015, une biographie romancée raconte l'ensemble de sa vie et de sa carrière: Pornification de Jean-Luc Marret.

Je n'ai ni famille, ni amis, ni argent, ni avenir. J'ai voulu mourir parce que j'ai tout raté. Pour les gens, je suis une putain.

Karin Schubert

Retour à l'accueil