Intéressons nous au camarade de Hank ...

Caricature de John Carradine (Morris).

Dans Lucky Luke - Tome 32 - "La diligence" (Morris et Goscinny, Dargaud), Morris croque John Carradine et lui donne le rôle de Scat Thumbs, un joueur et tricheur professionnel qui fait route vers San Francisco dans la diligence de la Wells Fargo & cie.
(L'image est tirée de la page 18, case 2).

Les auteurs font un clin d'œil à son rôle de joueur de La chevauchée Fantastique. C'est d'ailleurs le tome dans son entier qui fait référence à ce western de John Ford.

 

John Carradine (1906-1988) était un acteur américain. Il se passionne d'abord pour la peinture et la sculpture et parcourt le sud des Etats-Unis, dans les années 20, en vivant de ses talents de portraitiste. A la Nouvelle-Orléans, il se découvre une vocation pour le théâtre et monte sur les planches dès 1925 pour apparaître dans La dame aux camélias; puis il rejoint une compagnie itinérante spécialisée dans Shakespeare.

Venu à Hollywood à l'occasion d'une tournée, il est d'abord engagé comme décorateur, mais ne tarde pas à débuter au cinéma. Sa taille et son visage émacié le font déjà remarquer pour des personnages fantastiques : on pense à lui pour incarner le comte Dracula, mais il refuse catégoriquement le rôle lorsqu'il apprend qu'il ne comporte aucune ligne de texte, tout juste des grognements.

A partir de 1935, il devient un acteur de complément très demandé. De grands cinéastes commencent à faire appel à lui. John Ford, qui lui confie d'abord le rôle du sadique sergent Rankin de Je n'ai pas tué Lincold avant de lui permettre d'incarner l'un de ses personnages les plus marquants, le joueur Hatfield, le mystérieux passager de la diligence de La chevauchée Fantastique. John Wayne dit alors de lui qu'il est "le plus grand méchant du cinéma", réputation qu'il confirme en jouant en 1939 ce -sale petit lâche- de Bob Ford, qui assassine Jesse James dans le dos peur toucher la prime à la fin du Brigand bien aimé.

Puis Ford lui offre l'un de ses personnages les plus attachants, celui de Casey, l'ancien pasteur à qui le spectacle de la misère et de l'injustice sociale a fait perdre la foi et qui deviendra un martyr dans Les raisins de la colère. Parallèlement il apparaît régulièrement dans quantité de films fantastiques: Le fantôme de la momie, La maison de Frankenstein et La maison de Dracula (où il personnifie enfin le comte Dracula).

Mais Carradine se lasse de ce qu'on lui fait jouer à l'écran. Il crée alors en 1943 la compagnie John Carradine and his Shakespeare Players et se consacrer entièrement au théâtre. Son répertoire touche aussi bien les grandes pièces de Shakespeare que les oeuvres modernes La Rose tatouée, La Folle de Chaillot, La Route au tabac... Mais cette tentative se solde par un désastre financier. Et en 1954, il retourne à Hollywood après sept années d'absence. La critique saluera son retour dans Johnny Guitare.

Dès lors, il ne cessera plus de tourner, apparaissant au cours de ses trente dernières années de carrière dans d'innombrables série Z réalisés à l'emporte-pièce, avec tout de même quelques grands films: Les Dix Commandements, L'Homme qui tua Liberty Valance, Le Dernier des géants ...

Il disparaît à l'age de 82 ans. Il était surnommé le Shakespeare du Boulevard car il n'était pas rare de le croiser dans la rue, déclamant Hamlet ou Richard III de sa voix retentissante.

Keith l'un de ses trois fils: "Quand un de mes amis me demande dans quel film a joué mon père, je cite toujours Capitaines courageux et Les raisins de la colère, même si je sais qu'on se rappellerait plus facilement l'un de ses films d'horreur. Mais je me souviens de l'amertume qu'il éprouvait de se voir contraint de tourner toutes ces médiocrités".

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