Je déteste les fleurs. Je les peins uniquement parce qu'elles sont moins chères que des mannequins et qu'elles ne bougent pas.

Georgia O'Keeffe

Photographie de Georgia O'Keeffe prise par John Loengard (1968). Photographie de Georgia O'Keeffe prise par John Loengard pour le magazine Life (1968).
Photographie de Georgia O'Keeffe par John Loengard pour Life (1968).

Georgia O'Keeffe selon Mœbius.
Mœbius œuvres complètes - Tome 4 de Mœbius (Page 99).

Dans Mœbius œuvres complètes - Tome 4 - "La Complainte de l'Homme Programme" (Mœbius • Les Humanoïdes associés) Jean Giraud alias Mœbius pastiche la photographie de Georgia O'Keeffe prise par John Loengard pour la couverture du numéro de mars 1968 du magazine Life sur une des planches de sa BD. Ici, l'artiste Georgia O'Keeffe est remplacée par un vieillard.

 

En pleine année 1968, une période de bouleversements sociaux et politiques intenses, le magazine Life choisit de mettre en couverture non pas une scène de conflit ou une personnalité politique, mais le visage intemporel et sculptural d'une artiste de 80 ans: Georgia O'Keeffe (1887-1986). La photo, devenue iconique, a été prise par John Loengard (1934-2020) et a servi de porte d'entrée à un article majeur intitulé Horizons of a Pioneer. Ce numéro de mars est un parfait exemple de la capacité de Life à capturer l'air du temps tout en célébrant des figures culturelles durables.

Avant de plonger dans l'univers de Georgia O'Keeffe, il est intéressant de noter la diversité de quelques sujets abordés dans ce numéro, qui brosse un portrait vivant des préoccupations de l'époque:
      • Politique: Le coup d'envoi de la campagne présidentielle dans le New Hampshire est couvert, avec un regard sur les candidats, dont une nouvelle tentative de Richard Nixon, décrit comme "plus doux et plus sage".
      • Cinéma: Le magazine met en lumière la "star soudaine" Katharine Ross, l'actrice du film culte Le Lauréat.
      • Société: Un article présente la mise en place du numéro d'appel d'urgence 911, une innovation pour l'époque.
      • Culture et Histoire: La réouverture du Ford's Theatre à Washington, 103 ans après l'assassinat d'Abraham Lincoln, est documentée.
      • Mode: Un reportage est consacré aux mannequins qui incarnent le style parisien.
Cette variété de contenu place le reportage sur O'Keeffe dans un contexte plus large, celui d'une nation en pleine mutation, qui trouve pourtant un point d'ancrage dans la figure d'une artiste résolument indépendante.

Le cœur du magazine est donc le reportage de treize pages sur Georgia O'Keeffe, photographiée par John Loengard dans son ranch du Nouveau-Mexique, le Ghost Ranch. L'article, dont le texte est signé par Dorothy Seiberling, ne se contente pas de présenter son œuvre; il explore la femme derrière l'art, sa philosophie de vie et sa relation quasi spirituelle avec les paysages désertiques qui ont tant inspiré ses toiles.

A 80 ans, O'Keeffe est dépeinte comme une figure sage, une pionnière qui a tracé son propre chemin, loin des cercles artistiques de New York. Les photographies de Loengard la montrent dans son quotidien : marchant dans le désert, ramassant des pierres et des os blanchis par le soleil, ou travaillant dans son atelier épuré. L'article a cimenté son statut d'icône américaine, une incarnation de l'individualisme, de la force tranquille et de l'authenticité.

La photographie de couverture de John Loengard est une œuvre d'art à part entière. Elle montre Georgia O'Keeffe de profil, vêtue de noir, sa silhouette se découpant sur le ciel et les murs en pisé de sa maison. Son visage, marqué par le temps et le soleil, exprime une détermination et une sérénité profondes.

Ce n'est pas un simple portrait. Loengard a réussi à capturer l'essence même de l'artiste : sa fusion avec le paysage, sa force intérieure et son aura presque mythique. La composition est d'une simplicité magistrale, mais elle raconte toute une histoire. L'image est devenue indissociable de la perception publique de Georgia O'Keeffe et reste l'un des portraits de photographe les plus célèbres du XXe siècle.

Il est rare que l'on prenne le temps de regarder une fleur. J'ai peint ce que chaque fleur représente pour moi et je l'ai peinte suffisamment grande pour que les autres la voient telle que je la vois.

Georgia O'Keeffe

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