Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis.

Victor Hugo | Le dernier Jour d'un condamné

Photographie de tournage du film Huit heures de sursis de Carol Reed (1947). Huit heures de sursis de Carol Reed (1947).
Huit heures de sursis de Carol Reed (1947).

Huit heures de sursis selon Brüno.
Tyler Cross - Vintage and Badass de Brüno et Fabien Nury (Page 91).

Dans le hors-série Vintage and Badass: Le cinéma de Tyler Cross (Brüno et Nury • Dargaud) Brüno Thielleux pastiche l'affiche du film Huit heures de sursis de Carol Reed sur une planche de sa BD. On reconnait très bien la caricature et la posture de James Mason interprétant Johnny McQueen à la sauce Tyler Cross.

 

Huit heures de sursis est un long métrage britannique réalisé par Carol Reed, et sorti dans les salles obscures le 23 avril 1947. En version originale, le film s'intitule Odd Man Out, et il est adapté du roman du même nom, écrit par le britannique F. L. Green en 1945.

Irlande du Nord, après la seconde guerre mondiale. Johnny McQueen (James Mason), chef d'un groupement paramilitaire et prisonnier en cavale, prépare un braquage pour financer ses opérations clandestines. Blessé par balle Johnny tire sur un gardien et le tue. Séparé de ses camarades, il va passer huit heures d'enfer dans les bas-fonds de Belfast traqué par la loi.

AlloCiné | Huit heures de sursis

Carol Reed a déjà acquis une solide réputation au début des années 1940 grâce à des œuvres très soignées comme Sous le regard des étoiles, Kipps, ou The Young Mr Pitt. Mais c’est surtout après la guerre qu’il démontre tout son talent, en donnant au cinéma britannique, alors à son apogée, quelques-uns de ses plus beaux fleurons dont Huit heures de sursis. Avec une parfaite maîtrise de l’écriture cinématographique, Reed illustre avec sensibilité et intelligence l’univers littéraire de F. L. Green, chez qui l’on retrouve les mêmes thèmes de prédilection: l’amitié et la solitude, la trahison et la fidélité, la quête de la vérité et l’ambiguïté des apparences.

Méditation sur la violence et la mort, Huit heures de sursis est aussi l’un des rares films consacrés au problème irlandais où le militant Johnny McQueen se sacrifie à sa cause. Par la perfection formelle et l’extrême rigueur de la construction, le fait divers politique se hausse ici au niveau de la tragédie dans cette course folle et désespérée dont la mort est la seule issue:

Admirablement secondé par le chef opérateur Robert Krasker, Reed traduit parfaitement l’atmosphère angoissante de la ville glacée et crépusculaire: On notera notamment l’intelligente utilisation de la caméra subjective pour exprimer le délire de Johnny en proie à la fièvre. L’univers familier de Belfast se métamorphose soudain, grâce aux éclairages expressionnistes et à l’accompagnement musical lancinant et cauchemardesque de William Alwyn.

L'acteur britannique James Mason a toujours trouvé que sa performance dans Huit Heures de sursis était la meilleure de sa carrière. Avant que l'acteur n'obtienne ce rôle, il était question que Stewart Granger interprète le personnage de McQueen. Après cette première collaboration, James Mason jouera à nouveau sous la direction de Carol Reed en 1953, dans L'Homme de Berlin, un film mêlant le thriller, l'espionnage et le drame.

Huit Heures de sursis a été nommé pour l'Oscar du meilleur montage en 1948, et a remporté le titre du Meilleur film britannique lors de la British Academy of Film and Television Arts.

Il sortit dans la lumière grise et s'arrêta et il vit l'espace d'un bref instant l'absolue vérité du monde. L'implacable obscurité. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer.

Cormac McCarthy | La Route

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