Landru
14 mars 2024Tout homme libre ne devra avoir ni travail, ni famille, ni patrie.
Simon Duroc interprété par Charles Denner | L'aventure, c'est aventure
Dans Une aventure du Lieutenant Blueberry - Tome 1 - "Amertume Apache" (Blain et Sfar • Dargaud) Christophe Blain croque Charles Denner et lui donne le rôle du monteur d'automate, M. Kleinman.
(L'image est tirée de la page 23, case 3).
Une aventure du Lieutenant Blueberry - Tome 1 de Blain et Sfar (Page 37, case 9).
Les deux photographies ci-dessus sont tirées du film Marie-Chantal contre docteur Kha de Claude Chabrol où Charles Denner incarme le personnage de Johnson.
Charles Denner (1926-1995) était un acteur français. D'origine polonaise et de confession juive, il débarque en France en 1930. Adolescent, il s'installe sous l'Occupation avec sa famille à Brive-la-Gaillarde. C'est là qu'il rejoint les rangs de la Résistance avec son frère aîné Alfred. Grièvement blessé à la colonne vertébrale lors d'une embuscade, il est décoré de la Croix de guerre. Au lendemain du deuxième conflit mondial, il effectue quelques petits boulots comme tailleur et maroquinier, mais sa véritable passion, c'est le théâtre. Raison pour laquelle il entre aux Cours de Charles Dullin et intègre ensuite le Théâtre national populaire de Jean Vilar. L'occasion pour lui de se produire au Festival d'Avignon et de donner la réplique à des comédiens de sa génération aussi talentueux que Michel Galabru, Jeanne Moreau ou François Périer.
Au cinéma, quatorze ans après avoir été figurant dans le Volpone en 1941 d'Yves Allégret, Charles Denner retrouve le cinéaste pour La Meilleure part. Il enchaîne avec un petit rôle, celui de l'adjoint de Cherrier, dans Ascenseur pour l'échafaud en 1957 de Louis Malle. Mais c'est en 1962 qu'il accède à la consécration en incarnant le meurtrier Henri-Désiré Landru sous la houlette de Claude Chabrol. Ce dernier le dirigera à nouveau dans Les Plus belles escroqueries du monde (1964) et Marie-Chantal contre le docteur Kha (1965). Avec son regard grave, son timbre de voix si particulier et sa répartie non dénuée d'ironie, Charles Denner peut aussi bien jouer des voyous de médiocre envergure comme dans Le Voleur de Louis Malle, des pères de famille respectables comme dans Le Vieil homme et l'enfant ainsi que La Première fois de Claude Berri, des intellectuels retors comme dans Z de Costa-Gavras ou Les Assassins de l'ordre de Marcel Carné, que des personnages de marginaux comme dans Mado de Claude Sautet ou Mille milliards de dollars d'Henri Verneuil.
Dans les années 1970, ce second rôle incontournable réputé pour son magnétisme devient l'un des acteurs fétiches de Claude Lelouch pour qui il tourne pas moins de cinq longs métrages: Le Voyou (1970), L'Aventure, c'est L'aventure (1972), Toute une vie (1974), Si c'était à refaire (1976) - film qui lui vaut une nomination au César du Meilleur acteur dans un second rôle en 1977 - et Robert et Robert (1978), où il forme avec Jacques Villeret un tandem détonant de célibataires. Au cours de cette décennie, on le voit également côtoyer à trois reprises Jean-Paul Belmondo pour: Les Mariés de l'an II (1971), L'Héritier (1972) et Peur sur la ville (1975), excellent film policier dans lequel il interprète l'inspecteur Moissac.
Mais c'est à François Truffaut qu'il doit l'un de ses plus beaux rôles, celui de L'Homme qui aimait les femmes. Sa prestation de séducteur volage et fétichiste lui vaut d'être nommé au César du meilleur acteur en 1978. Dans les années 1980, Charles Denner travaille avec une nouvelle génération de cinéastes comme Laurent Heynemann dans Stella, Chantal Akerman dans Golden Eighties ou encore Jérôme Diamant-Berger dans L'Unique. Un cancer de la gorge diagnostiqué en 1985 l'amènera à quitter définitivement les plateaux de cinéma.
Aujourd'hui, le gagnant, c'est pas l'homme fort, intelligent, mais le petit, le petit combinard, celui qui sait manier le chantage comme une Winchester. Et surtout la confusion dans la clarté.
Simon Duroc interprété par Charles Denner | L'aventure, c'est aventure
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