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Ava Gardner

Photographie d'Ava Gardner sur le tournage du film Les tueurs de Robert Siodmak (1946). Plan du film Les tueurs de Robert Siodmak (1946)..
Photographies de tournage du film Les tueurs de Robert Siodmak (1946).

Les tueurs selon Robert Siodmak. Les tueurs selon Robert Siodmak.
Tyler Cross - Vintage and Badass de Brüno et Fabien Nury (Pages 26 et 29).

Dans le hors-série Vintage and Badass: Le cinéma de Tyler Cross (Brüno et Nury • Dargaud) Brüno Thielleux parodie des photographies du tournage du film Les tueurs de Robert Siodmak sur deux planches de sa BD. On reconnait très bien la caricature et la posture d'Ava Gardner interprétant Kitty Collins, et les silhouettes des deux tueurs Max et All campés par William Conrad et Charles McGraw, le tout à la sauce Tyler Cross.

 

Les tueurs est un long métrage réalisé par Robert Siodmak et sorti dans les salles obscures le 30 août 1946. Le film est une nouvelle adaptée d'Ernest Hemingway, The Killers tirée du recueil Hommes sans femme de 1927. Ce premier recueil de nouvelles, en compte 14 dans lesquelles on trouve déjà les thèmes majeurs de son œuvre à venir: les méfaits de la guerre, les rapports difficiles entre les hommes et les femmes, les gangsters, et le sport.

Deux tueurs (William Conrad / Charles McGraw) surgissent dans une bourgade du New Jersey pour y assassiner le "Suédois" (Burt Lancaster), un simple pompiste (Burt Lancaster) de la station-service de la ville. Ce dernier pourtant informé de la venue des criminels, ne tente pas de s'enfuir et est abattu. Intrigué par les circonstances du meurtre, l'enquêteur chargé de l'affaire (Sam Levene) remue ciel et terre pour percer ses mystères...

AlloCiné | Les tueurs

C'est Don Siegel qui doit diriger la mise en scène du film, mais le producteur Mark Hellinger lui préfère au final Robert Siodmak, déjà connu pour des films policiers comme Les mains qui tuent ou Le Suspect. Siegel prend sa revanche 20 ans plus tard en tournant un remake de ce film: A bout portant, avec Lee Marvin, Angie Dickinson, John Cassavetes, et Ronald Reagan. Film très réussi lui aussi, mais dans une toute autre ambiance, dont j'ai déjà parlé »ici«.

Le scénario adapté de la nouvelle d'Hemingway par Anthony Veiller, assisté de deux prestigieux réalisateurs et Richard Brooks, se concentre sur le pourquoi de la résignation de la victime, qui préoccupe un détective engagé par une compagnie d'assurance. Huston et Brooks ne sont pas crédités au générique en raison de leurs contrats avec d'autres studios. L'utilisation de flash-back, dans la structure narrative, rappelle Citizen Kane, d'Orson Welles, tourné cinq ans plus tôt.

Les tueurs est le premier film pour Burt Lancaster arrivé en janvier 1946 à Hollywood, il n'a aucune formation artistique, à part le théâtre à l'armée, et le premier grand rôle pour Ava Gardner qui se solde par un succès immédiat. Les deux stars retourneront ensemble à deux reprises: en 1964 dans Sept jours en mai, puis en 1976 dans Le Pont de Cassandra.

Certains passages du film ont été réutilisés dans la comédie anthologique Les Cadavres ne portent pas de costard de 1982 où Steve Martin se trouve plongé dans l'univers des films noirs des années 1940 et 1950.

Classique du film noir, Les Tueurs a toutes les caractéristiques du genre: construction en flash-back, héros faible et condamné dès le début sans le savoir, femme fatale et manipulatrice, et une photographie en noir et blanc sublime qui accentue les ombres en faisant ressortir de chaque décor une menace potentielle. L'ambiance est particulièrement soignée et le ton est donné dès la géniale scène d'ouverture où les tueurs se rendent dans un Diner pour attendre leur victime. Victime qui les attend dans sa chambre, résolu à mourir pour on ne sait quelle raison jusqu'à ce qu'un agent d'assurances mette à jour la vérité. Avec un Burt Lancaster très convaincant dans son premier rôle et une Ava Gardner sublime en garce manipulatrice. Un grand polar d'après-guerre !

Faites asseoir un homme une heure à côté d'Ava Gardner, il pensera que ça a duré une minute. Asseyez-le une minute sur un calorifère brûlant, il croira que ça a duré une heure... C'est cela la relativité.

Leonard Marks alias Chico Marx

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