La détestation des grands est une louange involontaire des petits.

Charles Dickens | Le Conte de deux cités

Opium smoking - The Lascar's room de Gustave Doré.
Opium smoking - The Lascar's room de Doré pour Le mystère d'Edwin Drood de Dickens (1872).

Opium smoking - The Lascar's room selon Bryan Talbot.
Grandville - Tome 1 de Talbot (Page 56, case 1).

Dans le comics book Grandville - Tome 1 (Talbot, Milady) Bryan Talbot parodie une gravure de Gustave Doré, Opium smoking - The Lascar's room, sur une planche de sa BD. Cette gravure est tirée du roman inachevé, Le mystère d'Edwin Drood, de Charles Dickens. Ici, le choriste John Jasper, accessoirement fumeur d'opium, oncle et tuteur d'Edwin Drood est remplacé par l'inspecteur Lebrock; et l'homme barbu au chapeau en arrière plan, par le tableau de l'empereur à tête de lion.

On peut aussi noté que la rue où siège la fumerie d'opium dans la BD s'intitule: Rue Doré.

 

Le Mystère d'Edwin Drood est le quinzième et dernier roman de Charles Dickens (1812-1870), mort subitement en juin 1870 avant qu'il puisse le terminer. Seules six des douze livraisons mensuelles ont été publiées par Chapman and Hall. Paru en volume la même année, le roman, quoique donnant quelques indications sur la suite, laisse de nombreux mystères que critiques et écrivains s'essayent à élucider sans discontinuer depuis 1870.

L'histoire se déroule à Cloisterham, ville imaginaire. Elle concerne surtout le jeune Edwin Drood, orphelin promis par testament à Rosa Bud, elle aussi orpheline, union assortie d'une coquette fortune. Edwinest très lié à son oncle Jasper, personnage divisé, adepte des fumeries d'opium de Londres, ainsi que maître de chœur à la cathédrale de la ville, et secrètement amoureux de sa future nièce. D'autres personnages assez mystérieux, comme les jumeaux Neville et Helena Landless, compliquent les relations liant les divers acteurs de l'histoire.

Edwin et Rosa finissent par renoncer à leur union. Soudain Edwin disparaît et le manuscrit s'interrompt bientôt. Faute de suite, commence ce que Paul Schlicke a appelé "L'industrie de la résolution du mystère", qui se désigne aussi par "La littérature droodienne", longue série d'investigations, d'hypothèses, de solutions et fins en tous genres. Les spéculations continuent d'alimenter la chronique des faits-divers de la littérature, le dernier avatar en étant en 2012 l'adaptation télévisuelle du roman et sa conclusion dite -définitive-.

Cette gravure datant de 1872, Opium smoking - The Lascar's room de Gustave Doré (1832-1883), est tirée d'une des nombreuse rééditions du roman de Dickens. Sur certaines éditions, elle est même utilisée comme couverture.

[...] Elle tendait à l'homme la pipe, maintenant à moitié vide ; puis elle retomba sur le lit la face dans le matelas. Quant à lui, il descendit de ce lit chancelant, déposa la pipe sur la pierre du foyer, écarta les rideaux en loques, et contempla ses trois compagnons d'un air de dégoût inexprimable. Comment cela se faisait-il ? Et pourtant cela était. [...].

Charles Dickens | Le mystère d'Edwin Drood

Cette œuvre illustre la scène d'ouverture de l'histoire, évoquant le réveil comateux et le retour à la réalité difficile de John Jasper à la fumerie d'opium.

Ne dites pas de mal du temps qu'il fait, s'il ne changeait pas, neuf personnes sur dix ne sauraient pas comment engager la conversation.

Charles Dickens

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