GorilladZ
28 sept. 2024Dans les années 60 les gens prenaient de l'acide pour rendre le monde bizarre, maintenant le monde est bizarre et ils prennent du Prozac pour le rendre normal.
Damon Albarn
KidZ #5 de Joret et Ducoudray (Couverture d'Esdras Cristobal).
Dans la version américaine de la BD KidZ #5 (Joret et Ducoudray • Glénat/Ablaze) le cover artist Esdras Cristobal parodie la pochette de l'album Gorillaz du groupe éponyme sur la couverture de la BD. Ici, les musiciens virtuels Murdoc Niccals, Stuart 2D Tusspot, Noodle, et Russel Hobbs sont remplacés par Polly, Brooks, les jumeaux, Ben, Mickey, et Spielberg.
Damon Albarn a surpris tout le monde avec le succès du premier album éponyme de Gorillaz. On ne peut que s'incliner face à l'éclectisme qui ressort de ces quinze pistes aux influences au moins aussi diverses et variées que ceux qui les ont engendrées. Le projet commence au début de la décennie par un chanteur de Blur voulant explorer de nouveaux horizons et trouvant chez Jamie Hawlett, le dessinateur de la BD Tank Girl, un partenaire de choc pour un projet dingue: un groupe schizophrène composé de personnages virtuels possédant leur propre histoire et désireux de fonder un groupe. 2D, chanteur-pianiste aveugle et dépressif; Murdoc, bassiste punk et plutôt crade responsable de la cécité de son camarade; Russell, batteur hip hop possédé par l'esprit de ses amis décédés; et Noodles, guitariste asiatique amnésique et hyperactive.
Albarn et Hawlett engagent le producteur Dan 'The Automator' pour leur premier opus et s'entourent de camarades de jeu d'horizons très différents pour faire de cet album une véritable soupe primitive de la musique moderne. Entre trip hop, britpop, hip hop, rock, ambiant et dub, Gorillaz se forge une identité derrière le mystère qui l'entoure et l'entretient sous ses ambiances brumeuses et un univers sonore assez unique et accrocheur. La basse se fait ronde et profonde, les beats secs et groovy, et autour de cette rythmique se brodent la voix paresseuse d'Albarn et celle des artistes invités pour l'occasion, entre autres Del Tha Funky Homosapiens offrant son flow au brillantissime single Clint Eastwood (Présent dans toutes mes playlists) et Ibrahim Ferrer du Buena Vista Social Club œuvrant sur la très hispanisante Latin Simone.
1. Re-Hash
2. 5/4
3. Tomorrow Comes Today
4. New Genious (Brother)
5. Clint Eastwood
6. Man Research (Clapper)
7. Punk
8. Sound Check (Gravity)
9. Double Bass
10. Rock the House11. 19-2000
12. Latin Simone (¿Qué Pasa Contigo?)
13. Starshine
14. Slow Country
15. M1 A1Gorillaz | Gorillaz
Gorillaz s'ouvre sur un Re-Hash avec sa guitare folk grinçante, morceau introduisant d'emblée les bases sonores de l'album, toutes en textures, riches de claviers, effets électro et voix entrelacées. 5/4 fait honneur à son nom avec son groove et son riff ravageur. Toujours avec autant de richesse, l'album s'enfonce dans des méandres plus stagnants, trainant du côté d'un marécage un peu glauque avec New Genius (Brother) et Sound Check (Gravity) ou de la dépression chronique de 2D dans le single Tomorrow Comes Today. La voix de Damon Albarn fait des miracles avec son timbre aigu si particulier, s'en donnant à cœur joie sur des morceaux plus minimalistes comme Man Research (Clapper). En parlant de minimalisme, Double Bass en est un exemple criant de répétitions et d'hypnotisme, succédant à une certaine réminiscence de britpop avec un Punk débridé aux claquements de mains pop et aux accords sèchement balancés, ce même genre d'accords que l'on retrouve dans M1 A1.
La production se révèle puissante et claire, bourrée de détails presque imperceptibles qui lient les morceaux entre eux au fil de l'album dans une atmosphère palpable et évocatrice, installant discrètement de légers arrangements, alternant harmonies subtiles et délires électroniques. Le duo Albarn/Mito Hatori sur 19/2000 peut prendre la tête facilement mais possède un potentiel de bonne humeur terrible, comme l'atmosphère insouciante et reposante de Slow Country. Toutes deux contrastent de fait avec l'autre perle de l'album, la planante, nocturne et céleste Starshine, témoin de la facette dub de Gorillaz.
Cet album mérite sans doute possible sa place parmi les meilleurs disques pop de la décennie, pas seulement de par sa grande palette d'ambiances et d'influences, mais du fait de cette facilité d'accès bien connue du caractère de Damon Albarn. De plus, en jouant la carte du multi support, Jamie Hawlett a réalisé des clips de grande qualité qui sont pour beaucoup dans le succès de Gorillaz.
##002481##Moi, je ne risque pas de me suicider, je ne suis pas un artiste, je suis une personne pop. Quelqu'un qui a des pensées populaires comme boire, gagner de l'argent, regarder les seins des filles. Je picole peut être un peu trop, mais bon. Je ne me prends pas trop au sérieux. Je pense donc que je survivrai !
Damon Albarn
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