RadioBeck
20 avr. 2025Etre dans un groupe te fait retomber en enfance et te force à y rester.
Thom Yorke
Plan du clip de la chanson Karma Police de Radiohead (1997).
Beck - Tome 19 d'Harold Sakuishi (Page 1).
Dans le manga Beck - Tome 19 (Sakuishi • Delcourt) Harold Sakuishi parodie un plan du clip du single Karma Police du groupe Radiohead sur la page d'introduction du premier chapitre de sa BD. Ici, l'homme qui court est remplacé par Saitô Ken'ichi.
Karma Police sorti le 25 août 1997, est le deuxième single extrait du troisième album de Radiohead: OK Computer. Ce morceau emblématique a rapidement conquis les charts, atteignant la première place en Islande et la huitième au Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, il s'est hissé à la 14e position du classement Modern Rock Tracks du Billboard. La chanson a été saluée par la critique et figure à la 279e place du classement des 500 plus grandes chansons de tous les temps établi par RollingStone en 2021 et 2024.
La composition de Karma Police est remarquable par son ambiguïté tonale et ses changements de clé tout au long du morceau. L'instrumentation principale repose sur une guitare acoustique et un piano, créant une atmosphère à la fois mélancolique et inquiétante. Les paroles, nées d'une plaisanterie interne du groupe, abordent des thèmes tels que la folie, l'insatisfaction face au capitalisme et le stress lié au monde du travail. Thom Yorke, le chanteur, a expliqué que la chanson était une critique des patrons et de la hiérarchie en entreprise.
L'interprétation du morceau a suscité de nombreuses analyses. Certains y voient une critique de la société qui juge les individus sur des aspects insignifiants de leur personnalité ou de leur apparence. D'autres soulignent la prise de conscience finale du narrateur, qui réalise que son propre jugement le rend coupable des comportements qu'il dénonce. Cette complexité narrative, associée à la musique envoûtante, fait de Karma Police un classique intemporel du rock alternatif.
Le clip vidéo de Karma Police, réalisé par Jonathan Glazer, a contribué à l'impact durable de la chanson. Il met en scène une poursuite nocturne où Thom Yorke, assis à l'arrière d'une voiture de luxe, poursuit un homme qui court désespérément sur une route déserte. Cette vidéo, qui a remporté le MTV Video Music Award de la Meilleure réalisation en 1997, est devenue emblématique du style visuel de Radiohead.
Clip de Jonathan Glazer pour le single Karma Police de Radiohead (1997).
L'homme qui court dans le clip est interprété par l'acteur hongrois Lajos Kovács. Ce personnage est poursuivi par une voiture, une Chrysler New Yorker de 1976. Lajos Kovács a eu une expérience difficile lors du tournage, notamment en souffrant de crampes et en se brûlant le pouce lors des prises où il devait allumer des allumettes derrière son dos. Le concept du clip a été initialement proposé à Marilyn Manson qui l'a rejeté avant d'être repris par Radiohead.
Cette mise en scène reflète plusieurs aspects des paroles comme la notion de contrôle et d'autorité. La voiture représente la "Karma Police", une force oppressive qui poursuit l'individu, faisant écho aux paroles qui critiquent l'autorité et le monde du travail capitaliste. A la fin du clip, l'homme poursuivi riposte en mettant le feu à la traînée d'essence laissée par la voiture. Cela illustre le retournement de situation évoqué dans les paroles, où le narrateur réalise que le karma peut aussi se retourner contre lui. La disparition de Yorke à la fin du clip peut être interprétée comme une représentation visuelle de la phrase "For a minute there, I lost myself", soulignant le thème de la perte d'identité face à un système oppressif.
Vingt-cinq ans après sa sortie, Karma Police continue de fasciner les auditeurs et d'inspirer de nouvelles générations d'artistes. En 2023, le groupe de hardcore américain Pierce the Veil a même repris le morceau lors d'une émission sur Triple J en Australie. Karma Police reste ainsi un pilier de l'héritage musical de Radiohead, illustrant parfaitement leur capacité à mêler expérimentation sonore et commentaire social percutant.
##002685##J'ai toujours eu une voix mélancolique. Ça en devenait frustrant, je ne me sentais pas capable d'écrire des chansons qui sortiraient de ce registre. J'ai donc employé toute mon énergie sur "OK Computer" pour trouver d'autres voix. Celles de "Paranoid Android" ou "Karma Police" appartiennent, par exemple, à d'autres personnages, même si tout le monde ne s'en aperçoit pas.
Thom Yorke