Si on avait du pop-corn ou un petit coca, je te paierais le coup, mais nous, on n'a qu'un tout petit budget !

Alan Raimy interprété par John Glover | Paiement cash

Plan du film Paiement cash de John Frankenheimer (1986).
Plan du film Paiement cash de John Frankenheimer (1986).
Plan du film Paiement cash de John Frankenheimer (1986).
Plan du film Paiement cash de John Frankenheimer (1986).
Plans du film Paiement cash de John Frankenheimer (1986).

Paiement cash selon Brüno.
Tyler Cross - Vintage and Badass de Brüno et Fabien Nury (Page 82).

Dans le hors-série Vintage and Badass: Le cinéma de Tyler Cross (Brüno et Nury • Dargaud) Brüno Thielleux pastiche plusieurs plans du film Paiement cash de John Frankenheimer sur une planche de sa BD. Ici, on reconnaît bien les silhouettes et les postures de Leo Franks interprété par Robert Trebor, Alan Raimy campé par John Glover, Bobby Shy incarné par Clarence Williams III, Harry Mitchell joué par Roy Scheider, la fêtarde topless tenue par Lorrie Lovett, et Barbara Mitchell portée par Ann-Margret, le tout à la sauce Tyler Cross.

 

Si on vous dit -polar des années 80-, vous pensez à quoi ? A des néons, des costards trop larges, et des histoires de chantage qui dégénèrent ? Bingo ! Avec Paiement cash (52 Pick-Up en VO), John Frankenheimer, réalisateur star des années 60, s'offre un détour inattendu par la case série B, sous la houlette des légendaires producteurs Menahem Golan et Yoram Globus de la Cannon Films. Accrochez vos ceintures, on replonge dans ce thriller aussi nerveux que décomplexé.

Un industriel américain, Harry Mitchell (Roy Scheider), mène une vie très active entre son entreprise florissante et sa femme Barbara (Ann-Margret) qui "manage" un homme politique. Mais Harry s'est entiché d'une jeune mannequin (Kelly Preston) et le jour où il décide de rompre, un maitre-chanteur (John Glover) et deux complices lui projettent une cassette contenant des preuves irréfutables de cette aventure. Harry décide, après une explication très franche avec Barbara, de ne pas céder...

AlloCiné | Paiement cash

Paiement cash est l'adaptation fidèle du roman Fifty-Two Pickup d'Elmore Leonard, publié en 1974. Mais l'histoire du passage à l'écran est presque aussi rocambolesque que le film lui-même. Les droits du livre ont d'abord failli finir en Israël, où Golan rêvait d'une adaptation locale avec Joe Don Baker et George Hamilton. Finalement, c'est Cannon Films qui les obtient, produisant une première adaptation très libre intitulée L'Ambassadeur: Chantage en Israël, avant de laisser John Frankenheimer tenter sa chance avec une version beaucoup plus fidèle au matériau d'origine, mais relocalisée de Detroit à Los Angeles.

Frankenheimer, dont la carrière connaissait un creux après ses chefs-d'œuvre des années 60, saute sur l'occasion. Il s'entoure du scénariste John Steppling pour retranscrire la verve de Leonard, au point que l'auteur est crédité au script, même s'il n'a pas participé à l'adaptation. Le scénario, fidèle au roman, se distingue par son ancrage dans l'obsession de réussite des années Reagan et sa critique, à peine voilée, du capitalisme triomphant. L'utilisation de la vidéo comme arme de chantage donne au film une dimension presque méta, préfigurant des œuvres comme 8 MM, et permet à Frankenheimer de jouer avec la frontière entre réalité et fiction, notamment lors de la scène du -snuff movie- orchestrée par le chef du gang.

Voir John Frankenheimer, ex-gloire d'Hollywood avec des succès tels que Un crime dans la tête ou Le Prisonnier d'Alcatraz, aux commandes d'un polar Cannon, c'est un peu comme croiser un grand chef dans une cantine d'entreprise. Mais l'homme ne se contente pas d'exécuter: il imprime sa patte, nerveuse et sèche, à un script qui aurait pu sombrer dans la pure exploitation.

Côté casting, c'est du solide: Roy Scheider, impeccable en self-made man sur la pente glissante, porte le film sur ses épaules. Ann-Margret incarne une épouse blessée mais forte, tandis que John Glover, Clarence Williams III et Robert Trebor campent un trio de maîtres chanteurs aussi inquiétants qu'un brin caricaturaux, mention spéciale à Glover, qui cabotine avec un plaisir non dissimulé. A noter la présence, en caméo, de plusieurs stars du X de l'époque.

Frankenheimer n'a pas perdu la main: le film s'ouvre sur un plan-séquence impressionnant, survolant Los Angeles avant de plonger dans l'intimité du héros, symbole de réussite américaine. La mise en scène, nerveuse, alterne entre violence sèche et moments de tension plus feutrée, même si l'ensemble souffre parfois d'un manque de dynamisme, sans doute lié à un budget serré. La photographie, typique des années 80, joue sur les contrastes entre lumières crues et néons nocturnes, soulignant le côté clinquant et artificiel de l'univers du film. On sent que Frankenheimer fait ce qu'il peut avec les moyens du bord, mais parvient à donner une vraie identité visuelle à ce thriller urbain.

A sa sortie, Paiement cash a été accueilli fraîchement, considéré comme un honnête thriller de série B, mais les critiques pointaient du doigt la faiblesse de certains rôles secondaires et une tendance à l'exploitation gratuite de la violence et de la nudité. Pourtant, avec le temps, le film a su gagner une petite réputation culte, notamment auprès des amateurs du cinéma Cannon et des fans de Frankenheimer, qui y voient un polar efficace, bien écrit et porté par un casting solide. S'il n'a jamais atteint le statut d'œuvre incontournable, il reste un témoignage savoureux du cinéma d'exploitation des années 80, avec ce qu'il faut de cynisme, de violence et de dérision pour séduire les spectateurs en quête de sensations fortes.

Paiement cash n'est sans doute pas le chef-d'œuvre de John Frankenheimer, mais il mérite d'être redécouvert pour ce qu'il est: un polar nerveux, un poil bancal, mais attachant, qui jongle entre série B et ambitions d'auteur. A savourer pour son mélange unique de violence, d'ironie et de nostalgie eighties.

Les productions "Arnaque and co." présente le "Baiseur baisé" ou "Comment Harry Mitchell accepte de casquer 105 000 dollars pas et trouve le bonheur". Note que j'ai 105 000 par an et non pas seulement la première année ou la seconde, mais tous les ans jusqu'à la fin de tes jours !

Alan Raimy interprété par John Glover | Paiement cash

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