Je veux mon argent... vraiment !

Walker interprété par Lee Marvin | Le point de non-retour

Le Point de non-retour de John Boorman (1967).
Le Point de non-retour de John Boorman (1967).

Le Point de non-retour selon Brüno.
Tyler Cross - Vintage and Badass de Brüno et Fabien Nury (Pages 56 et 57).

Dans le hors-série Vintage and Badass: Le cinéma de Tyler Cross (Brüno et Nury • Dargaud) Brüno Thielleux parodie l'affiche du film Le point de non-retour de John Boorman sur une des planches de sa BD. Ici, on reconnaît bien les traits et la posture de Walker interprétée par Lee Marvin le tout à la sauce Tyler Cross.

 

Le Point de non-retour (Point Blank en VO) est un long métrage américain réalisé par John Boorman, sorti dans les salles obscures le 31 août 1967. Le scénario est d'Alexander Jacobs, David Newhouse, et Rafe Newhouse. Il s'agit d'une adaptation du roman Comme une fleur (The Hunter en VO) écrit par Richard Stark sous le nom de plume de Donald E. Westlake.

C'est pour le compte de son ami Reese (John Vernon) que Walker (Lee Marvin), accompagné de sa femme (Sharon Acker), récupère dans la prison désaffectée d'Alcatraz un magot de 93 000 dollars. L'opération réussit. Reese abat Walker et emmène sa femme, qu'il convoitait depuis longtemps. Seulement Walker n'est pas mort et n'a de cesse de châtier Reese et ses complices.

AlloCiné | Le Point de non-retour

C'est la Metro-Goldwyn-Mayer qui développe l'adaptation de Comme une fleur, premier d'une série de romans mettant en scène le personnage de Parker. L'auteur Donald E. Westlake exige cependant que le personnage du film soit rebaptisé, sauf dans le cas d'une série de films. Les deux producteurs envisagent Lee Marvin dans le rôle principal. Le script est envoyé au jeune réalisateur britannique John Boorman. Lee Marvin et lui se rencontrent pour parler du film, durant le tournage du film Les Douze Salopards à Londres. Les deux hommes ne sont pas satisfaits du script mais apprécient le personnage principal. L'acteur, conquis par le style visuel du premier film de John Boorman, Sauve qui peut, insiste auprès du studio pour que le script soit remanié par le réalisateur.

John Boorman craignait qu'on ne lui laisse pas faire son film comme il l'entendait, très audacieux dans la démonstration de sa violence. Mais il s'est aperçu avec bonheur que toute l'équipe du film lui a faisait une totale confiance.

Dans son contrat, Marvin avait droit de regard sur le scénario, la distribution et l'équipe technique. Lee dit à la MGM qu'il me transférait tous ces pouvoirs. A la tête du département du montage il y avait Margaret Booth. Elle avait travaillé pour eux depuis plus de 40 ans et on la craignait terriblement. Or elle aimait beaucoup les rushes du film. Elle était un peu mon alliée et elle a insisté pour qu'on me laisse travailler à ma guise.

John Boorman

Le Point de non-retour est souvent considéré comme un film qui a renversé les codes du polar. Le réalisateur bouscule la linéarité du récit et filme en contre-plongée un Lee Marvin déambulant dans un couloir dont les pas résonnent comme dans un rêve éveillé. Sorti au même moment que le Bonnie and Clyde d'Arthur Penn, ces deux œuvres ont révolutionné le genre et ont inspiré des réalisateurs comme Quentin Tarantino ou Steven Soderbergh.

Ce que je voulais dire dans le film, et qui est sans doute une banalité, c'est que la société américaine se tue elle-même, elle s'autodétruit. Walker, dans le film, est un catalyseur. Il est très vulnérable. La société américaine qui est une société décadente est elle aussi très vulnérable face aux forces primitives. En fait, les spectateurs, à la fin, croient qu'il a tué beaucoup de gens. Mais c'est faux. Un critique comparant "Point Blank" et "Bonnie et Clyde" disait bien que si Bonnie et Clyde tuaient beaucoup de gens, ils ne donnent pas l'impression d'être des tueurs, mais que l'on considérait Marvin comme un tueur alors qu'il n'abat personne. Je ne voulais pas que les personnages aient l'air de gangsters. Je voulais qu'ils ressemblent à des hommes d'affaires.

John Boorman

Le film devait se tourner principalement à San Francisco mais Boorman préfère le faire majoritairement à Los Angeles pour créer ce monde vide et aride. Le tournage a lieu de février à avril 1967, à Los Angeles, à San Francisco, à Santa Monica, à West Hollywood, et à Culver City. Le film est un des premiers tournés à Alcatraz après sa fermeture en 1963. Outre la location du site, la production du film a du réhabiliter eau, gaz et électricité. Le film est le premier où tous les acteurs ont un micro individuel à chaque plan afin de mieux enregistrer les dialogues.

Un remake a été tourné en 1999 par Brian Helgeland sous le titre de Payback avec Mel Gibson. J'aime bien cette version notamment sa photographie sombre et bleutée, mais quand j'ai découvert assez récemment la version originale, j'ai vraiment pris une grosse claque. Deuxième film de John Boorman Le Point de non-retour frappe encore aujourd'hui par son audace, son son percutant, et ses trouvailles visuelles: narration déconstruite, images monochromes, et scènes d'une violence inouïe. Pour ne rien gâcher, cette œuvre fondamentales et atypique, à trouver en Lee Marvin, un véritable anti-héros obstiné et sans remords. Dans 50 ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon diront du film qu'il est "un thriller fracassant et onirique". Culte !

Tu es pitoyable à voir Walker. Tu cours après des ombres. Tu es fini. Tu es liquidé. Tu es mort. Qu'est-ce que tu ferais de l'argent si tu le récupérais ? De toute façon, tu l'avais volé. Il ne te reste plus qu'à crever.

Chris interprétée par Angie Dickinson | Le Point de non-retour

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