Mena et Nemi
21 janv. 2023Ma femme et ma fille me considèrent toutes les deux comme un lamentable perdant, et... elles ont raison.
Lester Burnham interprété par Kevin Spacey | American Beauty
Photographie promotionnelle d'American Beauty de Sam Mendes (1999).
Nemi #91 de Lise Myhre (Couverture).
Dans la BD norvégienne Nemi #91 (Myhre • Egmont) Lise Myhre pastiche une photographie promotionnelle d'un plan du film American Beauty de Sam Mendes sur la couverture de sa BD. Ici, Angela Hayes interprétée par Mena Suvari est remplacée par Nemi Montoya et les pétales de roses par des araignées.
American Beauty est un long métrage américain réalisé par Sam Mendes, et sorti dans les salles obscures le 15 septembre 1999. Le scénario est d'Alan Ball. Le film est produit par DreamWorks et Jinks/Cohen Company. Et c'est Steven Spielberg qui a recommandé Mendes pour la réalisation.
Une maison de rêve, un pavillon bourgeois discrètement cossu dissimulé dans une banlieue résidentielle, c'est ici que résident Lester Burnhamm (Kevin Spacey), sa femme Carolyn (Annette Bening) et leur fille Jane (Thora Birch). L'agitation du monde et sa violence semblent bien loin ici. Mais derrière cette respectable façade se tisse une étrange et grinçante tragi-comédie familiale ou désirs inavoués, frustrations et violences refoulées conduiront inexorablement un homme vers la mort.
AlloCiné | American Beauty
En tant que metteur en scène de théâtre, Sam Mendes connait de grands succès sur les planches en dirigeant des stars telles que Nicole Kidman dans The Blue Room, Ralph Fiennes dans Troilus et Cressida, ou encore Judi Dench dans La Charrue et les Etoiles et La Cerisaie. Mais American Beauty est sa première réalisation pour le cinéma. Le tournage se déroule du 14 décembre 1998 au 25 février 1999, notamment à Long Beach, Los Angeles au Warner Bros Ranch, Sacramento et Torrance.
Au théâtre, le processus est lent et progressif, la pièce naît et prend forme étape par étape, trouvant son rythme à force de répétitions. Un film se fabrique comme une mosaïque, le réalisateur doit agencer chaque fragment en ayant en vue le résultat final. Il travaille dans l'instant et n'a pas droit à l'erreur. C'est beaucoup plus risqué, mais c'est aussi très excitant.
Sam Mendes
Pour boucler la boucle, quinze ans après sa sortie dans les salles américaines, American Beauty a été transposé sur les planches par Jason Reitman le temps d'une lecture qui s'est tenue le 17 octobre 2014. Adam Sandler et Rosemarie DeWitt y reprenaient les rôles tenus par Kevin Spacey et Annette Bening dans le film.
Ecrit par Alan Ball, le film raconte l'histoire de la famille Burnham, banale au premier abord, mais qui se déchire de plus en plus. Le scénario est centré sur le père de famille, interprété par Kevin Spacey, un directeur de publicité dans la crise de la quarantaine qui est attiré par la meilleure amie de sa fille campé par Mena Suvari. De son côté sa femme, le trompe avec un agent immobilier.
Extrait du film American Beauty de Sam Mendes (1999).
La scène ci-dessus, qui nous intéresse plus particulièrement pour le sujet du jour, est techniquement assez intéressante dans sa fabrication. Pour donner l'illusion que les pétales tombent, l'actrice Mena Suvari a dû jouer sa scène à l'envers, et le film est lui aussi joué à l'envers, ce qui donne cet effet assez génial sur les pétales... Je ne sais pas si je suis bien clair, mais pour mieux comprendre, je vous invite à regarder l'introduction de la vidéo Rétine et Pupille de l'excellente chaîne YouTube La Séance De Marty à 2 minutes 40 secondes. (Et je vous encourage aussi à regarder la vidéo en entière ainsi que sa deuxième partie: Texture de cinéma).
Dan Jinks, le producteur, donne différentes significations du titre du film.
On peut y voir une allusion à cette variété de rose, cultivée avec un soin maniaque par Carolyn/Annette Bening. Mais ce titre évoque également le personnage d'Angela/Mena Suvari, qui incarne les canons américains de la beauté. Enfin, il s'étend à tout ce qui se réfère au rêve américain et que nous considérons comme beau dans notre vie quotidienne.
Dan Jinks
En regardant de plus près leur vie, comme le suggère le slogan du film: "...look closer", il est facile de voir les graves problèmes à la base de la famille. De même, la race de rose, connue sous le nom de -American Beauty-, distinguée pour être très belle mais aussi pour laisser échapper une odeur pestilentielle en pourrissant par les racines. Les roses sont un symbole récurrent dans le film et ont de multiples interprétations, y compris leur signification traditionnelle, qui symbolise l'amour, la beauté et le déploiement de la sagesse spirituelle. Comme pour la scène transcendante mémorable du film du sac en plastique tourbillonnant et dansant dans le vent, tout au long du film, les roses représentent le mystère sous-jacent et la beauté de la vie.
Traitant d'un homme d'âge mûr attiré par une jeune fille mineure, le film ne peut pas échapper au parallèle avec le célèbre roman Lolita de Vladimir Nabokov. Ainsi le nom de famille d'Angela HAYES n'est pas s'en rappeler celui de Lolita HAZE dans le livre. De plus le patronyme de -Lester Burnham- incarné par Spacey et une anagramme -Humbert Learns-, qu'on peut traduire -Humbert apprend-, comme le personnage de l'homme dans Lolita.
Lester est un Américain type, qui conforme sa vie à certains idéaux avant que la réalité ne le rattrape brutalement. Quelque chose se produit dans son existence, un choc qui lui rappelle ses aspirations premières. Il se débat avec un trop-plein de sentiments longtemps refoulés et qui aujourd'hui se rappellent à lui. C'est plus qu'une crise de la quarantaine, c'est une renaissance.
Kevin Spacey
Ce film dramatique a remporté 5 Oscars dont ceux du Meilleur film et du Meilleur réalisateur, et aussi le César du Meilleur film étranger... et c'est très largement mérité. American Beauty à beau raconter le destin tragique d'un américain moyen, il n'en renonce pas moins à l'humour. A noter d'ailleurs que le film se situe surtout entre le film d'auteur, pour sa richesse du point de vue du travail artistique de l'image et dans sa symbolique, et la comédie, par le changement d'un Lester soumis qui se réveille d'un long sommeil d'esclavage, se transformant en un adolescent rebelle. La comédie aussi pour ces nombreux quiproquos et sa satire de la vie de banlieue bien rangée. La fin, bien que triste, demeure toujours aussi magnifique après chaque visionnage.
C'était une de ces journées grises où il va se mettre à neiger d'une minute à l'autre, et qu'il y a comme de l'électricité dans l'air. Tu peux presque l'entendre, tu vois ? Et ce sac était là, en train de danser avec moi, comme un enfant qui m'invitait à jouer avec lui. Pendant 15 minutes. C'est là que j'ai compris qu'il y avait autre chose, au-delà de l'univers, plus loin que la vie. Je sentais cette force incroyablement bienveillante qui me disait qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur. Jamais ! Sortie du contexte les images n'ont aucun sens je sais mais… ça m'aide à m'en souvenir, j'ai besoin de m'en souvenir. Et parfois je me dis qu'il y a tant de beauté dans le monde que s'en est insoutenable. Et mon cœur est sur le point de s'abandonner.
Ricky Fitts interprété par Wes Bentley | American Beauty
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