Underworld U.S.A.
24 août 2024J'ai écrit le scénario de ce film. Mon nom est Samuel Fuller, et pour étayer mon sujet, il le fallait des faits. J'ai dû creuser pour les avoir et je les ai eus. Des faits qui dévoilent un monde régi par le vice et le crime. C'est pour cela qu'il faut voir ce film. Parce que tout ce monde, avec sa violence étouffée, est une menace. Une menace universelle.
Samuel Fuller dans la bande annonce de son film Les Bas-fonds new-yorkais
Les Bas-fonds new-yorkais de Samuel Fuller (1961).
Tyler Cross - Vintage and Badass de Brüno et Fabien Nury (Page 48).
Dans le hors-série Vintage and Badass: Le cinéma de Tyler Cross (Brüno et Nury • Dargaud) Brüno Thielleux parodie l'affiche du film Les Bas-fonds new-yorkais de Samuel Fuller sur une des planches de sa BD. Ici, on reconnaît bien les traits et la posture de Cuddles interprétée par Dolores Dorn le tout à la sauce Tyler Cross.
Les Bas-fonds new-yorkais (Underworld U.S.A. en VO) est un long métrage en noir et blanc américain écrit, produit, et réalisé par Samuel Fuller pour la Colombia Picture. Le film est sorti dans les salles obscures en mars 1961. L'excellente photographie est d'Hal Mohr et la musique d'Harry Sukman.
Un perceur de coffre-fort (Cliff Robertson) qui a assisté dans son enfance au meurtre de son père, trouve l'occasion de le venger.
AlloCiné | Les Bas-fonds new-yorkais
Les Bas-fonds new-yorkais, réalisé immédiatement après Le Kimono pourpre pour la Columbia, s'inspire au départ du travail d'un journaliste du Massachussetts, Joseph Dineen, centré sur la criminalité bostonienne, qui rappela à Samuel Fuller un livre polémique, daté de 1937, signé Courtney Riley Cooper, et intitulé Here's to crime. Ce bouquin et cet article montrent, chiffres à l'appui, que le crime est aux Etats-Unis une activité rentable.
Bien qu'il s'agisse d'une histoire de vengeance, le vengeur, Tolly Devlin incarné par Cliff Robertson ne tue pas lui-même, mais il laisse les gangsters s'entre-tuer sur des malentendus qu'il a lui-même engendrés ou, pire encore, utilise le Gouvernement et les forces officielles pour effectuer le sale boulot à sa place. L'une des grandes forces du polar au style "fullerien" réside dans cet art assez adroit qui consiste à nous faire suivre et adopter le point de vue et la logique d'un marginal, d'un solitaire, d'un égoïste, d'une crapule, sans jamais nous le rendre antipathique, au contraire même
Les bons rois, la ravissante petite princesse, le jeune prince charmant né pauvre, je déteste tellement ça, il faut que je me mette à la place du personnage, et que je sois très honnête par rapport à ce qu'il fait. Si c'est détestable, il doit le faire quand même.
Samuel Fuller
Au côté du vengeur, un personnage attachant campée Dolores Dorn: Cuddles, dont le nom suffit à définir l'activité. Il faut voir la manière dont ce cochon de Fuller la filme en train de sucer un glaçon. Jeune femme à la beauté fêlée qui se prend à entrevoir l'espoir d'une autre vie, meilleure, et qui ne semble pourtant ne pouvoir aller que de désillusion en désillusion. La pauvre est presque autant négligée dans le film par Tolly que par le réalisateur, qui n'a lui non plus pas beaucoup de temps à lui offrir. Pour autant, il lui consacre, sur la toute fin, l'un des plus beaux plans du film, un travelling, avec cette course tragique dans une rue pluvieuse, abandonnée par la foule.
L'histoire des Bas-fonds new-yorkais se tient bien et la photo noire et blanche est magnifique. Le casting est impeccable même si Cliff Robertson est quelque fois un peu trop grimaçant à mon goût. Le style puissant, incisif, plus tapageur que subtil, parfois désordonné mais toujours inspiré, caractérise le cinéma autant que la personnalité de Samuel Fuller. Chez lui, les images parlent infiniment mieux que les mots. Je t'encourage à (re)découvrir cette petite merveille de noirceur.
##002446##Certaines rougissent quand elles embrassent, d'autres jurent, mordent, rient, pleurent. Moi, je meurs.
Cuddles interprétée par Dolores Dorn | Les Bas-fonds new-yorkais
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