Super-Wings en cavale
28 oct. 2025Soyez cool et tout ira bien. C'est la religion du rock & roll.
Paul McCartney
Band on the Run de Paul McCartney & Wings (1973).
Marvel Treasury Edition #18 de Andru, Conway et Wein (Couverture de Bob Budiansky).
Dans le comic book Marvel Treasury Edition #18 - "The Astonishing Spider-Man" (Andru, Conway et Lein • Marvel) le cover artist Bob Budiansky parodie la pochette de l'album pop rock Band on the Run des Wings sur la couverture de la BD. Ici, Michael Parkinson, Kenny Lynch, Paul McCartney, James Coburn, Linda McCartney, Clement Freud, Christopher Lee, Denny Laine et John Conteh sont remplacés par Daniel Thomas Rand-K'ai alias Iron Fist, Warren Kenneth Worthington III alias Angel, Jean Grey alias Phoenix, Peter Benjamin Parker alias Spider-Man, Scott Summers alias Cyclops, Jonathan Blaze alias Ghost Rider, Jacob Russoff alias Werewolf By Night et Robert Louis Drake alias Iceman.
Ah, 1973. Une époque où les pantalons étaient évasés, les coiffures audacieuses et où les ex-Beatles tentaient de prouver qu'il y avait bien une vie après le plus grand groupe du monde. Pour Paul McCartney, cette preuve a pris la forme d'un album magistral, enregistré dans des conditions rocambolesques: Band on the Run. Alors, montez le son, on part pour le Nigeria sur les traces d'un disque de légende.
Après la séparation acrimonieuse des Beatles en 1970, Paul McCartney n'a pas chômé. Il sort deux albums solo puis décide de retrouver l'ambiance d'un groupe en formant Wings. Le concept ? Un vrai groupe, avec sa femme Linda au clavier (malgré son expérience musicale quasi nulle, ce qui lui vaudra des critiques acerbes), l'ancien guitariste de Moody Blues Denny Laine, et une section rythmique qui changeait plus souvent que la météo de Londres. Au moment de s'envoler pour l'Afrique, le groupe bénéficie déjà d'une certaine notoriété., mais peine encore à être pris totalement au sérieux, vivant dans l'ombre immense des Fab Four. Band on the Run allait changer tout ça, mais non sans une bonne dose de drame.
Pour ce nouvel album, McCartney a une idée "exotique": enregistrer dans un lieu qui sort de l'ordinaire. En regardant une liste de studios EMI à travers le monde, il jette son dévolu sur Lagos, au Nigeria. L'aventure tropicale ! Sauf que... juste avant le départ, le guitariste Henry McCullough et le batteur Denny Seiwell claquent la porte, trouvant l'idée complètement folle. Qu'à cela ne tienne, Paul, Linda et Denny Laine s'envolent quand même, déterminés. Sur place, la "douce aventure" se transforme en parcours du combattant. Le studio est rudimentaire, les tensions politiques sont palpables, et le trio se fait même braquer un soir sous la menace d'un couteau, perdant au passage les démos de l'album ! Paul devra donc recréer toutes les chansons de mémoire. Contre toute attente, ces épreuves forgent le caractère de l'album. McCartney, privé de batteur et de guitariste soliste, se surpasse : il joue de la batterie, de la basse, de la guitare, des claviers... Une véritable performance d'homme-orchestre qui donne à l'album une cohésion et une énergie incroyables.
Face A
1. Band on the Run
2. Jet
3. Bluebird
4. Mrs Vandebilt
5. Let Me Roll It
Face B
6. Mamunia
7. No Words (Paul McCartney, Denny Laine)
8. Picasso's Last Words (Drink to Me)
9. Nineteen Hundred and Eighty-Five
Titres Bonus
10. Helen Wheels
11. Country DreamerWings | Band on the Run
Musicalement, Band on the Run est un feu d'artifice. L'album est un mélange parfait de pop accrocheuse, de rock puissant et de magnifiques ballades. La chanson-titre, Band on the Run, en est le parfait exemple. C'est une mini-suite en trois actes qui passe d'une ballade mélancolique à un rock énergique pour finir sur une cavalcade country-folk euphorique. C'est l'histoire d'une évasion, et on ne peut s'empêcher d'y voir une métaphore de la fuite de McCartney hors de l'ombre des Beatles. Vient ensuite Jet, un pur concentré de rock'n'roll glam, inspiré par le chiot labrador des McCartney. C'est simple, direct, et ça vous reste en tête pour la journée. N'oublions pas le blues-rock lourd de Let Me Roll It, souvent vu comme un clin d'œil (ou une petite pique amicale) au style de John Lennon à l'époque. D'autres pépites comme la ballade acoustique Bluebird ou le vibrant Mrs. Vandebilt et son refrain entêtant ("Ho, hey ho !") complètent ce tableau presque parfait. Chaque chanson est ciselée, la production est riche et l'album s'écoute d'une traite, sans le moindre temps mort.
Comme si la musique ne suffisait pas, la pochette de l'album est elle-même devenue iconique. Oubliez les délires psychédéliques, ici on a droit à une photo de groupe... de prisonniers. Un casting cinq étoiles pris dans le faisceau d'un projecteur de prison, comme s'ils venaient de se faire pincer en pleine tentative d'évasion. On y retrouve bien sûr Paul, Linda et Denny Laine, mais aussi une brochette de célébrités de l'époque: les acteurs Christopher Lee et James Coburn, le boxeur John Conteh, le présentateur Michael Parkinson, le comédien Kenny Lynch et le journaliste Clement Freud. La photo a été réalisée par le grand photographe Clive Arrowsmith, sur une idée du non moins célèbre studio de design Hipgnosis (qui a œuvré pour Pink Floyd, Led Zeppelin...). Le résultat est une image forte, mémorable, qui colle parfaitement au thème de l'évasion et au titre de l'album.
A sa sortie, Band on the Run reçoit un accueil critique dithyrambique. Enfin, tout le monde s'accorde à le dire: McCartney a réussi son coup. L'album est salué comme son meilleur travail depuis Abbey Road. Le public suit massivement et le disque devient un énorme succès commercial, se classant numéro 1 des deux côtés de l'Atlantique et se vendant à des millions d'exemplaires. Plus important encore, Band on the Run a redéfini la carrière post-Beatles de Paul McCartney. Il n'était plus simplement "l'ex-Beatles mignon", mais un artiste et un compositeur majeur, capable de se réinventer et de livrer un chef-d'œuvre intemporel. L'album a prouvé que les ailes de Wings pouvaient voler très, très haut, et son influence sur la musique pop-rock résonne encore aujourd'hui. Une évasion qui s'est transformée en triomphe.
PS: Si ça t'intéreese, je t'invite à aller faire un tour dans la galerie du photographe Clive Arrowsmith, l'auteur de la pochette du jour ! 😉
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